USA-Colombie : Clinton lutte contre la drogue... ailleurs08/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1678.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

USA-Colombie : Clinton lutte contre la drogue... ailleurs

Au cours d'une visite-éclair à Carthagène le 30 août, Bill Clinton a affirmé son soutien au plan antidrogue lancé par la Colombie. Ce pays, réputé le centre mondial de la production et du trafic de la cocaïne, recevrait une aide de 1,3 milliard de dollars sur cinq ans pour éradiquer la drogue.

Ce plan de lutte contre un fléau international suscite pourtant la méfiance des organisations de défense des droits de l'homme. Elles font valoir qu'il risque de viser surtout les guérillas antigouvernementales, en particulier les FARC " marxistes ", qui lèvent des " impôts " sur la production de coca. En revanche les paramilitaires, liés de près au trafic, et l'armée colombienne elle- même, dont les exactions et la corruption sont connues, seraient épargnées.

Quant aux pays frontaliers, Venezuela, Equateur, Pérou et Brésil, ils craignent que le plan antidrogue colombien ne provoque sur leur territoire un afflux de guérilleros, de trafiquants mais aussi d'immigrants. Les champs de coca pourraient même être étendus au-delà de la frontière. C'est d'ailleurs ainsi que la drogue s'était implantée en Colombie, dans les années quatre-vingt, quand le Pérou et la Bolivie lui avaient fait la chasse.

Certes la drogue est un terrible fléau. Certes elle coûterait chaque année plus de 100 milliards de dollars aux Etats-Unis. Mais elle apporterait chaque année au pays plus de 120 milliards de dollars, blanchis et recyclés, qui enrichissent les banques et irriguent tous les secteurs de l'économie, et jusqu'aux services secrets. Dans ces conditions, même si le président voulait combattre la drogue sur le territoire national, il est peu probable qu'il parviendrait à imposer ses vues.

Alors, pour faire un geste politicien ou glaner un petit succès à l'étranger, Clinton préfère montrer du doigt la Colombie et ses voisins sud-américains. C'est plus facile que de traquer la drogue à New York ou Los Angeles où la police s'avère parfois tout aussi corrompue ! Et cela ne risque pas de perturber le fonctionnement " normal " de l'économie impérialiste, dans laquelle le secteur du trafic mondial de la drogue est source d'un chiffre d'affaires tout à fait " respectable ".

Partager