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Leur société
Universités d'été : Comment faire parler de soi quand on n'a rien à dire
Comme tous les premiers week-ends de septembre, juste un peu avant les vendanges, fleurissent les universités d'été des états-majors politiques. On se demande évidemment à quoi servent ces colloques politico-estivaliers. Eh bien, ils ont une utilité bien établie : les leaders des grandes formations peuvent y exhiber leur bronzage et, entre pastis et fromage, asséner quelques commentaires sur l'actualité politique. La chemise polo est de rigueur et la décontraction de mise. Cela dit, les motifs qui président à ces rassemblements sont très variables.
Dans la catégorie " Pousse-toi de là que je m'y mette ", les Verts sont évidemment les mieux placés. La semaine dernière les Mamère, Hascoët, Blandin s'étaient littéralement " massacrés " pour savoir quel était le " plus beau " pour remplacer Voynet.
Même état d'esprit - en un plus feutré - pour l'UDF qui se réunissait à Ramatuelle. Le très chiraquien Philippe Douste-Blazy, sous le chaud soleil varois, a tenté de faire un peu d'ombre à son " ami " et à peine rival, François Bayrou, ouvertement candidat à l'élection présidentielle.
Dans la catégorie " Amusons nous Folleville ", les patrons du MEDEF, réunis sur le campus d'HEC de Jouy-en-Josas (Yvelines), avaient décidé de faire appel à un saltimbanque pour les amuser. Ainsi, devant des patrons rigolards, Daniel Cohn-Bendit a tenté d'expliquer que " tous les changements du capitalisme sont liés à la lutte de classe ". On ne nous dit pas si le baron Seillière a remercié Cohn-Bendit pour le bon moment qu'il leur a fait passer.
Dans la catégorie des " Tout-petits ", le Mouvement des Citoyens recevait à Grasse son président démissionnaire, Chevènement. Le problème est qu'il n'avait rien de particulier à déclarer puisqu'il avait tout dit la semaine précédente. Alors il a brodé sur le " pôle républicain " résolument ancré à gauche, le tout devant 500 militants et un invité de marque : Paul-Marie Coûteaux, député européen du... RPF !
Enfin dans la catégorie " Nous voulons exister ", c'est évidemment le RPR qui tient la corde. C'est à Nice que s'est tenue la 16e université d'été du parti chiraquien. On ne se souvient plus de ce qui s'était dit durant les quinze premières mais, cette fois-ci, Michèle Alliot-Marie, la présidente du RPR, a voulu marquer le coup. Elle a annoncé le lancement d'" une pétition nationale pour la Corse dans la République ", relayée par un tract tiré à un million d'exemplaires qui dénonce les accords de Matignon. C'est sur la question de la Corse que le RPR a décidé de s'opposer au PS. Ce n'est pas que sur le fond, le RPR ou Chirac soient fondamentalement opposés à ces accords de Matignon qui ne vont pas très loin dans l'autonomie, mais le RPR veut occuper le terrain, afficher sa différence, faire oublier qu'avec le PS, il s'apprête à voter oui au référendum sur le quinquennat du 24 septembre prochain.
Quant au PS, il roule dans la catégorie " Tout va très bien madame la Marquise ". Réunie à La Rochelle, son université d'été a fait une ovation à Jospin pour un bilan revu et corrigé à l'aune de l'optimisme le plus béat : le chômage baisse, les 35 heures permettent le partage de la croissance (sic), le pouvoir d'achat augmente avec la baisse des impôts. Bref qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?
Voilà des universités où, selon le choix, on s'engueule, on s'amuse, on pétitionne, on se congratule et durant lesquelles évidemment personne n'apprend rien... sinon l'intérêt majeur de quelques leaders politiques à s'afficher devant les caméras dans une période pré- électorale où la minute de télé vaut de l'or.