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- Lutte ouvrière n°1677
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Dans les entreprises
France Télécom (Centre de Bagnolet) : Grève contre les restructurations
Les opérateurs du centre de France Télécom de Bagnolet, qui est un des centres de renseignements internationaux et de communications internationales par opérateur, comptant 320 employés au total, se sont mis en grève, mardi 29 août. 90 % des opérateurs étaient en grève ce jour-là et ont décidé de reconduire le mouvement pour le mercredi 30. Des préavis de grève ont été déposés par CGT et SUD pour les jours suivants.
En effet, la direction a annoncé début août la fermeture du centre pour le premier trimestre 2001, et elle envoyait, le 14, une lettre à vingt-cinq employés pour leur dire d'aller chercher du travail ailleurs dans France Télécom - précisant qu'il s'agissait d'une première vague. Le responsable chargé de la remise de ces lettres (dites " notifications de redéploiement "), le 16 août, a même ajouté qu'il allait falloir " se vendre "... La direction vient, le 24 août, d'en rajouter une couche : au moment même où elle était avisée du préavis de grève, elle a annoncé une nouvelle vague de vingt-sept mutations d'office supplémentaires pour les semaines à venir.
La direction ne manque pas de culot
Une bonne partie du personnel est arrivée à Bagnolet depuis 6 mois seulement, venant du centre de Paris-Archives qui a fermé en mars 2000, et elle lui annonce maintenant qu'elle ferme le centre de Bagnolet !
Quant à ceux qui travaillaient déjà auparavant à Bagnolet, elle leur avait fait miroiter il y a quelques mois une stabilité et un " emploi d'avenir " en les affectant sur une plate-forme d'appels purement commerciale nommée OPALIS : là, les opérateurs sont chargés de répondre à des appels pour le compte d'entreprises aussi diverses et variées que, par exemple, Pizza Hut, ING Banque Directe, des cabinets d'experts, etc., et bientôt Picard Surgelés ou Pompes Funèbres... A croire qu'elle a bien choisi ce dernier client puisqu'elle a annoncé en même temps que ce " métier d'avenir " s'arrêtait là, les activités étant transférées sur une autre plate-forme de France Télécom, à Ivry cette fois... mais pas le personnel. Un vrai enterrement de première classe !
Dès la réception des lettres, les employés se sont réunis régulièrement pendant leurs pauses pour discuter de la manière de réagir à cette attaque. Ils ont participé à des réunions syndicales à près d'une centaine de personnes, plus de 90 % des présents, et ils ont donc décidé de se mettre en grève à compter du mardi 29 août.
Les employés n'admettent pas d'être considérés comme du bétail, que l'on ballotte d'un lieu de travail à un autre, avec des changements d'horaires à chaque fois, pour le seul intérêt, selon la direction elle-même, de la rentabilité.
Ils ont d'autant plus de motifs d'être choqués que la direction se livre à un chantage grossier : les postes qu'elle propose aux mutés (pardon, aux " redéployés ") se trouvent soit dans des agences commerciales qui vont être en pleine réorganisation elles aussi d'ici deux mois, soit sur d'autres plates-formes d'appels comme Wanadoo ou OLA, qui seront, à terme très proche, transformées en filiales de France Télécom avec, à la clé, le risque de remise en cause du statut actuel de fonctionnaire. En cas de refus des intéressés, ou de non-embauche par ces services, la direction déclare d'emblée que, pour elle, ce sera alors la mutation d'office - dite " dans l'intérêt du service " - sans prime de mobilité, sans garantie géographique...
C'est ce chantage brutal et sans fioritures qui, en particulier, ne passe pas, car, de toute façon, les agents en ont assez d'être " mobiles " et " flexibles " et de faire les frais des " restructurations " qui n'en finissent pas.