UNEDIC : Pour des états généraux...comme en 1789 !18/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1675.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

UNEDIC : Pour des états généraux...comme en 1789 !

50 personnalités, membres de partis de gauche, PCF, PS ou LCR, des associations de chômeurs et des syndicats, CGT, Sud, CGC mais aussi CFDT, ont lancé la semaine passée un appel pour des états généraux de l'UNEDIC et une renégociation du système d'assurance-chômage.

Cet appel veut promouvoir un contre-projet à celui du MEDEF approuvé par les directions confédérales de la CFDT et de la CFTC.Contrairement à celui des patrons, il demande une amélioration réelle de l'indemnisation des chômeurs, (alors que 60% d'entre eux ne perçoivent actuellement aucune indemnité) et des mesures qui favorisent leur retour à un emploi stable.Des objectifs qui ne peuvent qu'être approuvés par tous les travailleurs, chômeurs ou pas.

D'autant plus que l'appel des 50 part d'une nécessité : que tous les partis et les organisations, tous les militants et les travailleurs ayant ou non un emploi, bref que tous ceux qui refusent les diktats du MEDEF puissent se retrouver et lutter tous ensemble.

Faire échec au MEDEF...et au gouvernement

Malheureusement ces objectifs affirmés des signataires, et derrière eux de leurs organisations, en cachent peut-être un autre, moins avouable, celui de cautionner le gouvernement.

Ainsi ils adressent leurs félicitations à celui-ci, sous prétexte qu'il vient de refuser les propositions du MEDEF et de la CFDT. Comme si ce refus avait à voir avec les intérêts des chômeurs ou des salariés !

Oubliées les déclarations d'une Martine Aubry " tout à fait favorable au Plan d'Aide au Retour à l'Emploi (le PARE) dans sa philosophie " ? Ignoré que la " fronde " du gouvernement consiste seulement à donner le temps aux " partenaires sociaux " de trouver un compromis un peu plus facile à faire avaler par les militants syndicalistes ?

Souvenons-nous du " bras de fer " entre le gouvernement et les patrons au sujet des 35 heures : la soi-disant fermeté de Jospin et Aubry face à Seillières a finalement abouti à une loi cadre qui laisse les mains libres aux patrons pour aggraver flexibilité et précarité.

Car toute la politique mise en oeuvre par Jospin favorise l'enrichissement des plus riches. Pour preuve, l'évaluation de la fortune des 500 patrons les plus riches de France est passée de 799 à 1 259 milliards de francs entre 1999 et 2000, soit plus de 63 % ! Alors que les valeurs boursières ont progressé de 51 % en 1999, les salaires sont restés quasiment bloqués. Et il faut les menaces des travailleurs de Cellatex ou de Bertrand Faure pour que le gouvernement fasse mine de s'émouvoir des plans de licenciements qui continuent.

Et si les chiffres du chômage diminuent, c'est autant grâce à une certaine reprise économique, qui ne doit rien au gouvernement, qu'à une marginalisation d'une fraction des chômeurs qui disparaissent des comptes de l'UNEDIC, comme les RMIstes dont le nombre a augmenté de 4,6 % en 1999. Et on peut retrouver du travail et rester pauvre : la part des salariés gagnant moins de 3 650 francs par mois est passée de 5 % en 1983 à 10 % en 1997, atteignant près de 2 millions de personnes.

Retenons tout de même que pour ces 50, " la mobilisation des chômeurs, des salariés, des gens de gauche, des démocrates, de tous les citoyens est indispensable ".

Oui, il serait indispensable que toutes les luttes partielles des travailleurs et des chômeurs convergent vers un mouvement d'ensemble, seul capable d'imposer au patronat et au gouvernement l'interdiction des licenciements, l'embauche des travailleurs précaires ou une augmentation générale des salaires.

Oui, il serait indispensable que les travailleurs mettent le nez dans les comptes de l'UNEDIC comme ceux des entreprises. Alors, il serait possible de résorber le chômage, en partageant le travail jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun travailleur sans emploi. D'ici là, ce serait justice que tous les chômeurs soient indemnisés et les minima sociaux augmentés de 1 500 francs.

Rappelons-nous qu'en 1789, c'est l'irruption des masses dans la vie politique qui a fait reculer les inégalités et renversé le pouvoir de Seillières de l'époque, plus que la réunion des Etats Généraux...

Editorial des bulletins d'entreprises L'Etincelle du lundi 14 août 2000, publiés par la Fraction.

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