Transport aérien : Des passagers volés18/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1675.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Transport aérien : Des passagers volés

La pratique du " surbooking " ou " surréservation " se généralise dans le transport aérien. Au fil des années, elle a pris de plus en plus d'ampleur. L'opération consiste à vendre plus de tickets sur un vol que de places disponibles, ce qui permet aux compagnies aériennes de compenser un taux de désistement pouvant atteindre, selon elles, entre 20 et 25 %.

Résultat : cet été, de nombreux passagers se sont retrouvés dans l'impossibilité de prendre l'avion sur lequel ils avaient pourtant réservé leur place et parfois, depuis longtemps ! Il faut croire que ce chiffre de 20 % de désistement est exagéré. Les compagnies aériennes le reconnaissent d'ailleurs implicitement puisque, pendant les périodes de vacances, elles proposent régulièrement aux voyageurs, à l'aéroport, au moment même de leur départ, de déplacer celui-ci de quelques heures, voire d'un jour, moyennant - quand même - un dédommagement financier. Le tout afin, paraît-il, de gérer l'imprévu...

Bien sûr, cela ne règle rien et n'évite pas le mécontentement des passagers qui n'ont pas pu embarquer, ni celui du personnel qui se retrouve en première ligne pour tenter d'expliquer aux voyageurs qu'ils ne peuvent pas prendre leur avion alors qu'ils ont leur billet en main.

Des incidents se sont multipliés tout l'été, jusqu'à des jets de chariots sur les employés de la part de passagers mécontents ! Le personnel d'escale a même dû travailler sous la protection de gardes du corps, voire de CRS. Et le ras-le-bol des employés a entraîné deux jours de grève la semaine passée.

Les directions des compagnies aériennes sont entièrement responsables de ces conditions de travail insupportables ainsi que des mésaventures survenues aux voyageurs. Elles n'ont qu'un seul objectif : la rentabilité maximum de chaque vol. En revanche, elles ne se sentent pas tenues d'assurer le contrat minimum pour lequel le passager a payé : fournir le produit (la place) vendu. Cela s'appelle tout simplement de l'escroquerie.

L'attitude des compagnies aériennes relève de la même logique que celle qui sévit de plus en plus dans tous les services publics et qui veut que la rentabilité passe avant la qualité du service rendu. On peut faire en effet un constat comparable pour les trains ou les métros qui ne sont certes pas " surbookés " mais qui sont bondés. Au nom de cette même logique de la rentabilité, pourquoi pas, demain, supprimer au dernier moment des trains, des avions, des autocars, sous prétexte qu'ils ne seraient pas suffisamment pleins ?

" Le progrès ne vaut que s'il est partagé par tous ", proclame un slogan publicitaire. Sauf que ce partage n'est pas équitable. D'un côté la rentabilité financière, de l'autre la dégradation du service rendu !

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