Le prix minimum pour les pêches n'empêchera pas les géants de la distribution de faire leur loi18/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1675.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le prix minimum pour les pêches n'empêchera pas les géants de la distribution de faire leur loi

Devant la colère des producteurs de fruits du Midi qui s'en sont pris à plusieurs reprises ces derniers temps à des grandes surfaces, le gouvernement a décidé d'imposer aux centrales de distribution un prix d'achat minimum pour les pêches et les nectarines, variant de 6 à 8 francs selon les catégories. Cette mesure restera en place durant trois semaines, jusqu'au 24 août.

Les producteurs reprochent aux centrales d'acheter leurs fruits à un prix très bas, souvent en dessous de leur prix de revient à la production... ce qui ne les empêche pas d'ailleurs de les revendre deux fois plus cher aux consommateurs.

Cette mesure vient s'ajouter à celles prises périodiquement par le gouvernement pour limiter les dégâts concernant les revenus des paysans. L'an dernier, face au même problème, le gouvernement avait décrété le double affichage des prix dans les rayons : prix d'achat et prix de vente. Si le consommateur pouvait alors calculer combien partait dans les poches des différents intermédiaires - sans d'ailleurs avoir les éléments lui permettant de savoir qui, dans cette différence, empochait la plus grosse part du gâteau - cela n'avait rien changé aux deux bouts de la chaîne, ni pour la rémunération du travail du producteur, ni pour le prix demandé au consommateur.

Peut-être l'imposition d'un prix plancher permettra-t-elle aux producteurs de fruits d'écouler leur récolte de cette année sans trop de perte. Mais là encore, il s'agit d'une mesure ponctuelle qui ne règle rien quant au fond. Car les paysans, pour écouler leurs marchandises, sont tributaires de la loi du marché, en fait de ces centrales de distribution qui sont celles qui déterminent cette " loi du marché " : elles fixent les prix d'achat, décident de limiter les quantités mises en vente même, et surtout lorsque la récolte est abondante, et imposent des normes pour les fruits, indépendamment de la qualité, quand elles ne s'approvisionnent pas sur d'autres marchés plus juteux.

Face aux grands distributeurs, l'État ne prend que des mesures symboliques, au coup par coup, quand le mécontentement paysan se fait entendre un peu trop. Mais il ne fait rien qui remette en cause leur mainmise sur la distribution et la part léonine qu'ils prélèvent en fonction de la position déterminante qu'ils occupent. Pourtant, une telle attitude permettrait à la fois au petit producteur de vivre de son travail et au consommateur d'acheter ses fruits à un prix raisonnable.

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