Immigration clandestine : Fermer les frontières ou en finir avec la misère ?18/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1675.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Immigration clandestine : Fermer les frontières ou en finir avec la misère ?

Lundi 14 août, dix-huit Centrafricains, dont des enfants, passaient en jugement au tribunal de Bobigny. Accusés de n'avoir pas de papiers en règle pour entrer en France, ils avaient été refoulés à l'aéroport mais avaient refusé de monter dans l'avion devant les ramener en Centrafrique. Finalement, le tribunal n'a accordé qu'un permis de séjour de huit jours à quatorze d'entre eux, les quatre autres étant maintenus dans la zone d'attente (de l'expulsion) de l'aéroport de Roissy.

Ce jugement vient s'ajouter à une liste déjà très longue de faits divers concernant l'immigration clandestine. La veille, dimanche 13 août, près de Dijon, trente-trois immigrés clandestins kurdes, hommes, femmes et enfants, étaient découverts enfermés dans un camion cadenassé, en route pour la Suède, via l'Allemagne. La semaine précédente, deux autres véhicules où s'entassaient des immigrants étaient arrêtés aux frontières et un bateau était arraisonné au large de l'Espagne, dans le golfe de Gascogne, avec une cinquantaine de personnes à bord, à moitié mortes de faim et d'épuisement.

Dans le même temps, en France, le ministère de l'Intérieur annonçait fièrement la mise au point d'un appareil pour détecter le gaz carbonique, appareil qui permettrait dorénavant de déceler une présence humaine dans le chargement d'un camion. Cet appareil, utilisé depuis peu à Douvres, interdit désormais aux candidats à l'immigration, de se cacher dans les véhicules à destination de l'Angleterre.

Mais quels que soient les moyens employés, quelles que soient les barrières (et la nature elle-même en a mis un grand nombre) et les obstacles dressés par les gouvernants des pays riches, rien ne pourra empêcher certains, parmi les populations des pays pauvres, de tout risquer, jusqu'à leur vie et celle de leur famille, dans l'espoir d'échapper à la misère, à la faim, au dénuement. Des jeunes Africains ont été jusqu'à se cacher dans les cavités des trains d'atterrissage des avions longs-courriers ; des familles africaines, nord-africaines, venues d'Asie ou d'Albanie, confient leur vie à des passeurs sans scrupules ; et quand ce n'est pas la mort qui est au bout de la route, ce sont ces hommes de police et de loi des grandes puissances qui refoulent. Sans oublier que pour ceux qui réussissent à franchir tous les obstacles, c'est une vie de clandestin, dans l'insécurité permanente et en butte à tous les arbitraires, qui les attend.

Le capitalisme, la richesse, se sont développés dans quelques pays, d'Europe et d'Amérique principalement, au prix du pillage et de l'exploitation du monde entier, pillage et exploitation qui se poursuivent encore aujourd'hui. Pour les trois quarts des pays de la planète, la rançon en est l'immense misère dont est victime la majorité de leurs populations. Et c'est cette misère qui pousse toujours plus d'hommes et de femmes à tenter de rejoindre, dans n'importe quelles conditions, les pays riches.

Face à la détermination des immigrants, toutes les mesures que pourront prendre les gouvernants pour barricader leurs territoires, aussi cruelles et inhumaines qu'elles soient, resteront inopérantes. Elles ne feront tout au plus que rendre plus difficiles et plus dangereuses encore les routes de l'immigration clandestine, sans rien changer à la misère immense qui l'alimente.

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