A la CAF de Roubaix, une collègue s'est vu reprocher d'avoir reçu un allocataire pendant plus d'une heure, pendant laquelle elle s'est démenée pour contacter différents services afin d'obtenir une avance de 800 F à cette allocataire dans le besoin.

C'est que, que ce soit à la CAF de Roubaix ou dans n'importe quelle autre, les directeurs ont signé avec le ministère un contrat d'objectifs qui comprend, notamment, la réception en 30 minutes.

Cette mesure a, dans certains cas, des avantages pour les allocataires qui parfois auraient pu attendre plusieurs heures. Mais pour obtenir ce résultat, quels sont les moyens mis en oeuvre ? Aucun. Car il faudrait tout bonnement du personnel supplémentaire pour atteindre cet objectif. Mais comme ça n'est pas le cas, les guichetiers doivent répondre en un minimum de temps, sans avoir le temps d'écouter les difficultés des familles ou de les diriger vers d'autres services sociaux. Les guichetiers, pour les directions des CAF, doivent être les marathoniens de l'accueil, et c'est uniquement de cette façon qu'elles pensent atteindre l'objectif des 30 minutes.

À la CAF de Paris, la direction nous a fait savoir que nous devions être professionnels. C'est-à-dire : les familles ont des droits ou elles n'en ont pas. Nous ne devons pas sortir de ce cadre, ne pas entendre les difficultés financières des familles, ne répondre expressément qu'à des questions CAF. Là encore, c'est le rendement qui prime tout.

Les agents de la CAF de Roubaix ont bien raison de faire grève une heure par jour en soutien à leur collègue et contre l'aggravation de leurs conditions de travail.

Pour que l'attente soit diminuée et qu'il y ait un accueil de qualité, il faut que les agents puissent prendre le temps d'examiner les dossiers et de répondre à toutes les questions des familles.

Et pour cela, c'est du personnel supplémentaire qu'il faut, à la CAF de Roubaix, et dans les autres CAF.