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Dans le monde
Allemagne : Attentats racistes
L'explosion d'une bombe à la gare de Düsseldorf, le 27 juillet dernier, est probablement une nouvelle manifestation de l'activisme d'extrême droite en Allemagne. Mais cela fait malheureusement des années que de tels actes de violence raciste sont régulièrement perpétrés dans ce pays.
Il existe en Allemagne, depuis des dizaines d'années, des groupes activistes se réclamant du nazisme. Il n'est pas certain, au point où en est aujourd'hui l'enquête, que ce soit l'un de ces groupes qui soit à l'origine de l'attentat. Mais c'est plus que probable, puisque celui-ci visait des immigrés juifs d'ex-URSS - sept d'entre eux ont été blessés. Les actes racistes, si l'on en croit la presse, deviennent quasi quotidiens en Allemagne. Dans les quatre derniers mois, ce sont 157 délits antisémites qui ont été recensés, allant des lettres de menaces aux insultes, en passant par la profanation de cimetières juifs et même de monuments érigés sur les lieux des anciens camps d'extermination.
Ces actes racistes n'ont malheureusement rien de nouveau : il semble simplement que depuis quelques années, les cibles aient changé, et que ces actes soient, plus délibérément qu'avant, antisémites. On se souvient en effet que dans la dernière décennie, c'était plus fréquemment les immigrés turcs qui étaient la cible des imbéciles racistes au crâne rasé, avec notamment les incendies criminels de foyers d'immigrés.
Bien sûr, le phénomène néonazi en Allemagne n'a rien de récent : le principal parti de ce type, le NPD, a été fondé en 1964 par d'anciens responsables du parti national-socialiste de Hitler. Et ce NPD recueillait déjà 7,3 % des voix en Bavière aux élections de 1966. Et faut-il rappeler que la stupidité raciste n'a pas de frontière ; il n'est que de voir Le Pen et ses émules en France.
Mais il se trouve aussi que dans l'Allemagne d'après la réunification, la " conversion " au capitalisme, à marche forcée, de l'ex-RDA a jeté sur le carreau des centaines de milliers de travailleurs ; et c'est parmi les jeunes chômeurs, désorientés et démoralisés, laissés sans perspective politique, que l'extrême droite recrute bon nombre de ses membres.
Alors face à une telle situation, face à ces actes odieux, les discussions qui ont cours en Allemagne sur la nécessité d'interdire ou non les groupes néonazis sont aussi vaines que celles qui ont eu lieu en France, naguère, à propos du Front National.
Le racisme et le néonazisme sont bien une gangrène, qui infecte la société malade du capitalisme. Mais c'est justement sur le terrain même de la lutte contre le capitalisme que l'on peut les combattre, en Allemagne, comme ailleurs.