France Télécom : Des sanctions pour avoir manifesté28/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1672.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Des sanctions pour avoir manifesté

Pour " atteinte à l'image de France Télécom ", la direction veut infliger trois mois de mise à pied à un militant syndical SUD parisien. Et quatre autres militants syndicaux (trois SUD et un CGT) sont à leur tour menacés de sanction... pour avoir témoigné en faveur du premier.

La direction de France Télécom attaque ces militants pour leur reprocher aujourd'hui, six mois après, leur participation à une manifestation, le 14 janvier dernier, devant une agence commerciale. Elle qualifie cette manifestation d'" occupation illégale ". Ce jour-là avait lieu une grève contre les " restructurations " sur la région parisienne.

Cela fait des années que France Télécom supprime des emplois dans les services techniques, au risque d'entraîner des pannes (il y en a eu deux importantes ces derniers mois). Les techniciens doivent se débrouiller individuellement pour retrouver d'autres postes au sein de France Télécom, ils sont fortement incités à rejoindre les filiales (téléphone mobile, Internet) ou le secteur commercial. A chaque fois, le personnel est mis devant le fait accompli. De plus, le service qui, encore dernièrement, renseignait sur les postes disponibles est en train de disparaître. France Télécom prétend que les forums internes pour l'emploi qu'elle organise de temps en temps et le serveur informatique de petites annonces " Planetemploi " sont largement suffisants pour permettre de se retrouver des postes.

Or la réalité est tout autre, puisque le personnel se retrouve tributaire des recruteurs et dépend de leur bon vouloir pour trouver un poste... qui a de fortes chances d'être lui-même supprimé dans quelques mois.

Lors de la grève du 14 janvier qui touchait les services techniques parisiens, le personnel avait manifesté devant la direction générale. Celle-ci ayant refusé de recevoir une délégation, les grévistes s'étaient rendus à l'agence, rue Lecourbe, pour obtenir une audience, qui fut elle aussi refusée.

Aujourd'hui la direction veut faire une démonstration de force en ressortant du placard une manifestation d'il y a plusieurs mois, en faisant tomber des sanctions graves de mises à pied pour une manifestation ordinaire, et en ayant le culot de sanctionner à leur tour tous ceux qui témoigneraient de la réalité des faits dans cette affaire. Quant aux atteintes à ses " intérêts financiers ", qu'elle invoque dans ses procédures de sanctions, elle ne manque pas d'air à l'heure où elle sort de ses caisses secrètes des dizaines de milliards pour s'engager dans des opérations de rachat spéculatif.

En réalité elle voudrait faire une démonstration vis-à-vis du personnel pour lui ôter l'envie de contester les remises en cause et les atteintes à ses conditions d'emploi. Mais cette répression outrancière ne fait qu'en rajouter à un ras-le-bol général du personnel qui est trimbalé d'un bout à l'autre de l'Ile-de-France, et ce ne sont pas ces actes inacceptables de la direction de France Télécom qui empêcheront le mécontentement de voir le jour tôt ou tard.

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