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Leur société
Quand RENAULT entend dicter sa loi au gouvernement... britannique
Carlos Ghosn, le PDG mis en place à la tête de Nissan par Renault au moment du rachat par celui-ci du trust automobile japonais, vient de mettre en demeure Tony Blair de se plier aux exigences de Renault.
Nissan possède en Grande-Bretagne, à Sunderland, une usine qui emploie près de 5 000 personnes. Cela a suffi pour que son PDG déclare publiquement qu'il contestait la politique monétaire du gouvernement britannique qui aboutit à une surévaluation de la livre par rapport aux autres monnaies européennes. " Nous ne fermerons pas l'usine, mais il existe une menace sérieuse que nous investissions ailleurs ". " On ne peut pas se permettre de produire dans un pays où la monnaie s'apprécie par rapport à celle de la zone où l'on vend le plus ", a-t-il déclaré notamment.
Par ailleurs Nissan est en discussion avec le gouvernement de Blair pour obtenir une aide de cent cinquante millions de livres, environ 1,5 milliard de francs, en vue de faire payer par ce dernier une bonne part des investissements nécessaires au lancement du prochain modèle de la firme. Carlos Ghosn a précisé à ce propos : " Ces investissements nous engageront pour six ou sept ans ".
La façon de faire de la multinationale française a au moins le mérite de la clarté et de montrer ce qu'il en est des sornettes sur " les entreprises citoyennes ", sur " la prise en compte de la volonté des citoyens dans les choix économiques ". Car Renault avec son usine de 5 000 personnes se sent le droit de dicter sa loi au gouvernement britannique qui est prié d'adapter sa politique aux besoins du trust. La prétendue souveraineté nationale, dont nos politiciens démagogues de tous bords nous rebattent les oreilles, en prend soudain un sacré coup. Blair doit se soumettre et payer cash les aides demandées, ou alors Renault ira faire installer ailleurs son usine.
Voilà la " démocratie " à l'oeuvre, le capital impose sa dictature en se moquant comme de l'an quarante du vote " des citoyens ", des couleurs et des désidérata des gouvernements où qu'ils soient, et pas seulement dans les pays du Tiers Monde. Pour les trusts comme Renault et ses semblables, les gouvernements ne sont là, comme des bons serviteurs, que pour les servir sans rechigner. Et si Renault ose parler ainsi au gouvernement Blair, on imagine comment lui et ses semblables parlent à leur gouvernement domestique en France.