Mayotte : L'héritage du colonialisme07/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1669.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mayotte : L'héritage du colonialisme

Ce dimanche 2 juillet, on votait à Mayotte pour savoir quel sera désormais le statut de l'île. 73 % des votants se sont exprimés pour qu'elle passe de celui de " collectivitéterritoriale " à celui de" collectivitédépartementale ".

Seule île à être restée française lors de l'indépendance de l'archipel des Comores en 1974, Mayotte vit aujourd'hui dans une situation économique lamentable, comme bien d' autres territoires sous tutelle de la France. Les hôpitaux et les maternités sont insuffisants. Les villages n'ont l'eau potable et l'électricité que depuis quelques années. Dans des chefs-lieux, les égouts sont à ciel ouvert et on a diagnostiqué plusieurs cas de choléra. Les premières écoles datent à peine d'une dizaine d'année. 35 % de la population est au chômage. Et ce tableau est aggravé par l'afflux de réfugiés des îles voisines, notamment d'Anjouan, encore plus pauvres.

A aucun moment depuis 1974 les gouvernements français successifs ne se sont souciés d'améliorer le sort des 140 000 habitants de Mayotte, continuant en cela la politique de l'époque coloniale, où ces îles n'étaient considérées par la France que comme des bases dans l'océan Indien.

Et encore aujourd'hui, l'intérêt de Mayotte pour l'Etat français réside dans les bases de surveillance du transport pétrolier qui y sont installées et qui permettent le contrôle de la voie maritime empruntant le canal du Mozambique, une des plus importantes au monde pour ce type de produit.

Lorsque fut organisé le référendum sur l'indépendance en 1974, toutes les autres îles donnèrent des scores de 99 % en faveur de celle-ci. Seule Mayotte vota en majorité pour le maintien dans le giron de la France. C'est en effet dans cette île que résidait la mince couche politique locale qui avait servi d'appui au colonisateur et en avait tiré quelques privilèges, au détriment de la population des autres îles. L'Etat français entérina le fait par un second référendum, à Mayotte uniquement cette fois, mais ne se sentit pas redevable envers les habitants de l'île, dont le sort ne changea guère.

Depuis des années, la seule perspective présentée par les notables de l'île, qu'ils soient RPR, PS ou centristes, est celle d'un rapprochement plus poussé avec la France, en particulier sur le plan du statut. La seule différence entre ceux qui appelaient à voter " oui " et les partisans du " non " portait sur la façon d'y arriver. C'est la seule réponse qu'ils offrent à la misère actuelle de la population, laissant croire que le gouvernement de Paris serait alors obligé de prendre en main le développement de l'île. Sans doute cela offrirait-il à des notables de meilleurs plans de carrière. Sans doute aussi cette idée trouve-t-elle aussi le soutien de toute une partie de la population, qui voudrait bien atteindre le niveau de vie de l'île de La Réunion voisine, qui est loin pourtant d' être idyllique. L'histoire des anciennes colonies prouve qu'il ne suffit pas d'un changement de statut pour en finir avec la misère héritée de l'époque coloniale, ni avec le mépris des anciens colonisateurs.

Partager