Convention Unedic : Le MEDEF presse le gouvernement d'accepter son plan anti-chômeurs07/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1669.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Convention Unedic : Le MEDEF presse le gouvernement d'accepter son plan anti-chômeurs

Le MEDEF, la CFDT et la CFTC, signataires de la nouvelle convention UNEDIC instituant le PARE (ce prétendu Plan d'Aide au Retour à l'Emploi), ont prorogé jusqu'au 21 juillet l'ancienne convention UNEDIC qui expirait normalement le 30 juin. De toute façon, Martine Aubry avait annoncé qu'elle prolongerait par décret la validité de l'ancienne convention jusqu'à " l'agrément éventuel du nouveau dispositif ".

De toute façon, pour être appliqué, le projet du MEDEF a besoin de l'accord du gouvernement. En repoussant de trois semaines le délai, le MEDEF maintient la pression sur le gouvernement et le somme de prendre position. Techniquement, si le gouvernement accepte la nouvelle convention, celle-ci pourrait entrer en application dès le 21 juillet, sauf dans les dispositions qui nécessitent des modifications législatives (comme certains articles du Code du travail) et qui devraient être votées par le Parlement. Mais ce pourrait être le cas dès la rentrée parlementaire.

En réalité, le problème n'est pas technique. Il est politique : si ce gouvernement se souciait des intérêts des travailleurs, il n'aurait eu aucune hésitation : il aurait coupé court et renvoyé le MEDEF dans les cordes. Car le projet patronal concernant l'avenir de l'assurance-chômage est odieux et révoltant. Il signifierait une dégradation grave de la situation des chômeurs et des travailleurs.

Le Plan d'Aide au Retour à l'Emploi prévoit en effet qu'au premier refus d'un emploi, le chômeur recevra une lettre de rappel, au deuxième refus, la baisse de 20 % de ses allocations, leur suspension au troisième et leur suppression totale au quatrième refus.

Voilà qui réduira et même enlèvera totalement à tout chômeur n'acceptant pas n'importe quel travail, à n'importe quel salaire, des revenus pour survivre. Depuis les années 1980, chaque attaque concernant les allocations des chômeurs, comme la mise en place des " fins de droits ", la dégressivité des allocations, etc., a immédiatement provoqué une montée en flèche de la misère, des sans-logis, des files devant les Restos du Coeur et autres soupes populaires. C'est cette succession de ponctions sur les revenus des chômeurs, combinée à l'augmentation incessante du chômage et de la précarité, qui font qu'aujourd'hui 6 millions de personnes ont officiellement moins de 3 200 F pour vivre et que seuls 40 % des chômeurs sont indemnisés.

Et puis ce PARE est aussi une attaque directe contre l'ensemble des travailleurs. Car en contraignant les chômeurs à accepter n'importe quel boulot, le souhait des patrons est d'obliger leurs salariés actuels à accepter n'importe quel salaire, sous peine d'être remplacés.

Par-dessus le marché, le MEDEF qui a tous les culots (pourquoi se gênerait-il ?) réclame dans son dispositif proposé une diminution de 36,7 milliards des cotisations patronales à l'UNEDIC. Alors que les entreprises affichent des bénéfices insolents.

C'est donc le faible filet de protection qui empêche des travailleurs de tomber dans le dénuement total que le patronat veut mettre en pièces. Il est donc vital que cette agression contre le monde du travail soit mise en échec.

Pour l'instant, le MEDEF mène la danse. Il déclare à l'adresse du gouvernement : " C'est à prendre ou à laisser ".

A la CGT, FO et la CGC, qui réclamaient encore le 30 juin la " poursuite des négociations ", le MEDEF a sèchement répondu : " Les négociations sont définitivement terminées ".

Que va décider le gouvernement ? On ne sait pas. Mais c'est bien là le problème. Car si le MEDEF est si gourmand et si sûr de lui, c'est bien parce que ce gouvernement l'y encourage par toute sa politique.

Les travailleurs, les militants politiques et syndicaux de la classe ouvrière ne peuvent que compter sur la mobilisation des salariés et des chômeurs pour faire échec aux plans répugnants du patronat.

Cette riposte du monde du travail, il faut la préparer. D'urgence.

Partager