Conseil régional de Haute-Normandie : Non au projet " port 2000 "07/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1669.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Conseil régional de Haute-Normandie : Non au projet " port 2000 "

Le 26 juin avait lieu à Rouen la séance plénière du Conseil régional de Haute-Normandie.

A l'ordre du jour, il y avait le projet Port 2000 au Havre, qui envisage une extension du Port du Havre pour en faire un centre de traitement des conteneurs à même de concurrencer Rotterdam et Anvers.

Les sommes qu'il est prévu d'engloutir sont énormes. 3 milliards pour la première tranche. Les conséquences sur l'environnement sont graves. Les chances de réussite sont incertaines. Quant aux créations d'emplois, elles sont des plus incertaines.

Le risque est en effet important de voir se construire une grande structure portuaire automatisée, concédée progressivement au privé et où la recherche d'une rentabilité maximum entraînera la limitation du nombre d'emplois, la flexibilité, la précarité et l'absence de sécurité.

Du FN au PC, en passant par les différentes nuances de la droite et le PS, chacun a voté pour. Les Verts, pourtant hostiles au projet en raison de ses conséquences écologiques, ont choisi de ne pas prendre part au vote. Quant à nos camarades, élus de Lutte Ouvrière en Haute Normandie, Gisèle Lapeyre et Daniel Dieudonné, ils ont voté contre le financement de ce projet en s'expliquant :

" Nous voterons, a déclaré Gisèle Lapeyre, contre le projet Port 2000 car ce projet, présenté comme une future réalisation importante pour la région, illustre combien la préoccupation des dirigeants de la Région, tout comme celle du gouvernement, n'est pas l'intérêt de la collectivité et encore moins l'intérêt des plus modestes.

Trois milliards, mais en réalité beaucoup plus, seront investis dans cette affaire sans que la priorité soit donnée à la création d'emplois. Rien n'est fait pour que les 2 500 emplois supprimés aux ACH du Havre, les 177 supprimés à la CMS, pour ne citer que ces exemples-là, soient compensés à court terme par autant d'emplois stables et correctement payés.

On va peut-être me répondre que, de toute façon, dans un premier temps, la construction de Port 2000 créera des emplois. Mais je voudrais savoir si l'exécutif de la Région est prêt à prendre l'engagement qu'il imposera aux grandes sociétés du béton de renoncer à la pratique qui consiste à surexploiter dans ce type de chantier une main-d'oeuvre précaire, pour embaucher du personnel stable avec un salaire décent et de réelles conditions de sécurité.

Par ailleurs, il est de notoriété publique qu'à travers ce projet se profile la menace de privatisation du Port Autonome, sur laquelle j'aimerais que l'exécutif de la Région dise sa position. Je tiens à ce propos à me faire l'écho des travailleurs, en particulier des 800 qui travaillent sur les terre-pleins et qui craignent de voir à court terme leur statut remis en cause [...]. Et puis, quelles garanties donnent ceux qui soutiennent ce projet que, dans quelque temps, il ne choisiront pas de faire des économies, de rentabiliser, de démanteler, de diminuer les effectifs et d'aggraver les conditions de travail ? Si même on n'en vient pas à brader le Port Autonome, à privatiser ses secteurs les plus rentables, si ce n'est le privatiser entièrement.

[...]

Je voudrais aussi citer les conséquences que la réalisation de Port 2000 aura pour les pêcheurs de la région, voire au-delà. Port 2000 entraînera - c'est reconnu - la destruction des nourrisseries de bars et de soles en particulier et sans doute la disparition de la crevette. Les rapports des experts l'affirment. [...]

De plus avec les dragages, des rejets de métaux lourds, en particulier le cadmium, risquent d'empoisonner toute la baie de Seine. [...] Alors, là aussi, quel engagement prend l'exécutif qui prétend faire de l'emploi une priorité, quand on sait que la filière pêche est porteuse de 3 500 emplois avec les emplois induits ? "

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