SNCF - Paris Gare de Lyon : Vers un mécontentement à très grande vitesse ?23/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1667.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Paris Gare de Lyon : Vers un mécontentement à très grande vitesse ?

D'ici environ un an, la SNCF a l'intention de relier Paris à Marseille en 3 heures grâce au TGV Méditerranée. On a pu voir aux Infos télévisées Gallois, le patron de la SNCF, et le ministre Gayssot prendre la pose en bons camarades pour faire semblant de fixer le dernier tire-fond sur la dernière traverse du prolongement de la ligne de Valence à Marseille. Le serviable Gayssot ne sait plus comment montrer son allégeance aux patrons !

Mais cela, c'est le cinéma. La réalité, c'est un chantier qui a d'abord pris du retard... La principale raison en étant le manque d'agents de conduite SNCF disponibles. La SNCF a décidé du coup de faire venir le personnel le week-end et a demandé de plus en plus d'heures supplémentaires. Ce qui a eu pour conséquence de nombreux accidents de travail sur ce chantier gigantesque, qui ont entre autres causé la mort de huit ouvriers du BTP. On a même frôlé la catastrophe quand deux trains de ballast se sont télescopés et qu'une locomotive est sortie des rails.

Mais, fière de son nouveau fleuron, la SNCF a décidé de faire de Paris - gare de Lyon une gare tout - TGV, et elle y annonce déjà plus de TGV et surtout plus de passagers. Du coup, les trains moins " intéressants " pour elle que sont les classiques Corail seront progressivement transférés à la gare d'Austerlitz. C'est le cas dès maintenant pour deux trains. D'autres trains classiques seront complètement supprimés. Ces suppressions vont notamment toucher les transports régionaux, entre autres sur l'Yonne, même s'ils n'ont en principe aucun rapport avec le trafic TGV. Car, à la SNCF, un nouveau train peut cacher la suppression de pas mal d'autres.

Les conséquences pour le personnel, c'est d'abord beaucoup de travail en plus, aux guichets de vente, à l'accueil, et pour le personnel roulant. A la manoeuvre, qui n'intervient que sur des trains Corail, les suppressions de postes sont déjà engagées, trois postes viennent d'être supprimés à Villeneuve-Prairie, ce qui se traduit par du travail en plus. La SNCF prend ainsi un an d'avance sur la date supposée finale de sa réorganisation.

Et ce qu'elle commence sur Paris, elle l'envisage tout au long de la ligne dans les gares et les chantiers. Certaines gares nouvelles seront créées exclusivement pour le TGV et les " petites " gares actuelles seront petit à petit oubliées. Résultat, les usagers iront sans doute très vite de Paris à Marseille, mais pour l'usager d'une petite ville, il lui faudra passer presque autant de temps... à pied, à cheval ou en voiture, avant de rallier la gare TGV la plus proche !

Pour les roulants (agents de conduite et contrôleurs), la SNCF projette grâce au nouveau TGV de leur faire faire l'aller-retour Paris Marseille dans la journée, c'est-à-dire plus de kilomètres, plus de vitesse, plus de productivité et de fatigue et, faisant d'une pierre deux coups, elle voudrait rogner la paie des roulants qui n'auront plus de repos hors résidence ni les primes qui y sont attachées. Bref, ce n'est le progrès ni pour les conditions de travail, ni pour les salaires.

Aussi, ce n'est pas dit pour autant que les cheminots se laissent faire. Les problèmes d'effectifs sont déjà très réels, ça risque de les accentuer et d'accentuer le mécontentement, de Paris à Marseille ou à... Nice !

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