Lire : "Cacao" de Jorge Amado23/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1667.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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" J'ai voulu conter dans ce livre, avec le minimum de littérature et un maximum d'honnêteté, la vie des travailleurs dans les plantations de cacao du sud de l'Etat de Bahia ", déclarait Jorge Amado, jeune homme de dix-neuf ans, en présentant à sa parution en 1933 son petit livre. Dix ans plus tard, il publiait un nouveau roman consacré lui aussi au cacao, Terres violentes ; puis ce fut La terre aux fruits d'or.

A travers ses romans, Amado raconte l'histoire du Brésil, ancienne " perle " de l'empire colonial portugais, telle qu'elle est vue et ressentie par ses habitants les plus pauvres et les plus exploités. Comme par exemple ces métayers, chassés des terres qu'ils ont défrichées pour laisser la place à de gigantesques plantations, sur lesquelles ils sont contraints de travailler comme ouvriers saisonniers.

Dans les années trente, au moment où se situe ce roman, le Brésil comme tant d'autres pays subit le contre-coup du krach financier de Wall Street de 1929. La crise économique est mondiale. Le café ne vaut plus rien sur le marché mondial et au Brésil, pays producteur, on le brûle dans les chaudières des locomotives à vapeur. De même, les cours mondiaux du cacao s'effondrent. Les premières victimes en sont les ouvriers agricoles des plantations qui voient fondre encore leurs salaires, pourtant déjà si maigres.

Le héros de ce petit roman, qui ressemble à Amado comme deux gouttes d'eau, est fils d'une famille mulâtre aisée de Bahia, ruinée par l'indélicatesse d'un oncle déclassé. Il se " loue " un peu par hasard comme saisonnier sur une plantation de cacaoyers. Au contact chaleureux de ses camarades de travail et de leur famille, il adopte un nouveau point de vue sur le monde ; en fait, et comme il le dit lui-même, il acquiert " une conscience de classe ".

Voilà un livre à lire, même si l'auteur devint stalinien et reprit dans certaines de ses oeuvres, comme Le chevalier de l'espérance, les pires calomnies contre les opposants communistes au stalinisme et contre Trotsky.

Alain Valler

"Cacao" de Jorge Amado, Edition Stock, 155 pages, 50 francs.

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