Le gouvernement et sa "politique familiale" : Selon que vous serez...23/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1667.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement et sa "politique familiale" : Selon que vous serez...

Sur 2,2 millions d'enfants de moins de trois ans, 200 000 seulement trouvent une place dans une crèche. Comment font les autres parents alors que le nombre de places en crèches collectives diminue d'année en année ? Eh bien, ils se débrouillent, et de façon très différente selon leurs moyens.

Depuis plus de vingt ans, les gouvernements successifs ont donné la priorité aux modes de garde à domicile. Evidemment, comme cela revient bien plus cher aux parents qu'une place en crèche, on a créé des subventions / allocations censées les rendre accessibles à tous. Du moins, c'est ainsi que les choses ont été présentées car la réalité est tout autre.

Selon une enquête parue pour la Conférence annuelle sur la famille, ouverte le 15 juin, 500 000 tout-petits sont confiés à des " gardes non identifiées ", généralement ceux des familles les plus modestes qui (malgré l'AFEMA, aide forfaitaire de 826 F) ne peuvent payer une assistante maternelle agréée. Il y a aussi l'AGED (allocation de garde à domicile), une subvention doublement scandaleuse car elle profite surtout aux professions à hauts revenus (25 000 F en moyenne pour une garde payée autour de 3 730 F mensuels), sans même que soient contrôlés les conditions et horaires de travail imposés à ces gardes d'enfants.

Même quand des ouvriers ou employés trouvent une place en crèche pour leur enfant (moyen de garde le moins coûteux), bien souvent ils ne peuvent en profiter car, avec la " flexibilité " croissante qu'imposent les patrons, les horaires des parents salariés coincident rarement avec ceux d'ouverture de ces crèches. Ainsi, les travailleurs ayant les revenus les plus modestes se voient doublement pénalisés.

Et il y a peu de chance que cela change. Durant cette Conférence sur la famille, Jospin a promis non plus d'aider " La " famille, comme prétend le faire la droite, mais " les familles dans leur diversité ". Cela sonne - bien ou creux, au choix -, mais cela annonce surtout la poursuite d'une politique qui a consisté à favoriser éhontément les parents les plus aisés au détriment des autres ; une politique de " la diversité " avant la lettre, en quelque sorte.

Ainsi, sur les 10 milliards d'aides aux familles annoncés par Jospin, seulement 1,5 milliard de francs iront à la création de haltes-garderies. Selon le gouvernement lui-même, cela permettrait de créer 30 000 à 40 000 places dans ces crèches, alors que c'est là que les besoins sont les plus criants, et d'abord pour les parents aux revenus les plus faibles.

L'AFEMA sera modulée selon les revenus, mais son niveau maximum laissera encore à la charge des parents 1 000 à 1 500 F, une dépense insupportable quand on gagne à peine plus que le SMIC.

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