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- Lutte ouvrière n°1667
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Leur société
La pilule du lendemain suscite des oppositions d'un autre âge
En début d'année, le gouvernement avait autorisé les infirmières scolaires à délivrer en cas d'urgence la pilule dite "du lendemain", afin de limiter le nombre d'avortements parmi les jeunes. Il y en a effectivement près de 10 000 chaque année. Il ne s'agissait pas d'offrir une contraception a posteriori, mais de répondre à des situations exceptionnelles. Dans les faits, il apparaît qu'après un dialogue avec les élèves qui les ont sollicitées, les infirmières ne délivrent que très peu de ces pilules du lendemain.
Mais c'en est déjà trop pour les organisations anti-contraception et anti-avortement, telles la Confédération nationale des associations familiales catholiques ou l'association "Laissez-les vivre". Six d'entre elles ont déposé un recours devant le Conseil d'État, institution chargée de vérifier la légalité des décisions gouvernementales. Elles s'appuient sur une loi de 1967 qui impose l'obligation d'une prescription médicale en la matière.
Et elles risquent d'obtenir satisfaction puisque le magistrat qui représente l'État dans cette affaire affirme que les infirmières " ne sont habilitées à administrer des médicaments que sur ordre du praticien et ne peuvent s'affranchir des limites de ce rôle qu'en cas d'urgence ", pour ajouter crûment : " La situation d'une adolescente qui s'adresse à une infirmière scolaire après un rapport sexuel non protégé, voire après un viol ou un inceste, est sans aucun doute une situation de détresse, mais elle n'est pas dans une situation d'urgence médicale où la vie et l'intégrité physique sont en jeu à brève échéance " !
Ce recours d'organisation réactionnaires est un nouvel épisode d'une lutte, qui n'a pas désarmé, contre la contraception et l'avortement. Ces organisations ont saisi l'occasion de faire parler d'elles et de leur croisade d'un autre âge. Cette pilule du lendemain est en vente libre dans les pharmacies et les infirmières n'ont pas attendu les décisions gouvernementales pour être sensibles à la détresse de certains jeunes, mais cette nouvelle campagne voudrait tout de même faire pression sur celles-ci alors que, fait rare parmi le personnel de l'éducation, elles ont souvent un contact sérieux avec les jeunes dans les lycées, grâce à une situation d'écoute et de conseil particulière. Mais justement, cela est aussi pour déplaire à ces même associations familiales, qui y voient une atteinte au rôle des parents.
Il faut améliorer l'information des jeunes en matière de contraception, cela va de soi, car même cette pilule du lendemain est un expédient pour éviter pire. Il faudrait aussi que le nombre des infirmières scolaires soit à la hauteur des besoins d'écoute et de dialogue. C'est cela qui est nécessaire, et pas de semer de nouvelles entraves à la contraception comme le font des associations dont les détresses des jeunes sont le dernier des soucis.