Immigration clandestine : Les pays riches et leurs esclavagistes23/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1667.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Immigration clandestine : Les pays riches et leurs esclavagistes

Les cinquante-huit cadavres trouvés à l'arrière d'un camion frigorifique dans le port britannique de Douvres, le 19 juin, étaient ceux d'immigrants clandestins chinois. Ils seraient morts asphyxiés dans un camion frigorifique garé en plein soleil pendant toute une journée, dont la ventilation électrique n'avait pas été branchée.

Ce n'est pas la première fois que de tels drames se produisent. En Grande-Bretagne, les immigrants africains que l'on a retrouvé morts de froid dans le logement de trains d'atterrissage de gros avions ne se comptent plus, sans parler de ceux qui sont tombés en plein vol ou d'autres qui, passagers clandestins dans des cargos de haute mer, ont été jetés par-dessus bord par leurs convoyeurs.

Mais il en est de même dans toute l'Europe. Le 20 juin, la police espagnole a intercepté un camion transportant 36 immigrants clandestins dans le sud du pays. Ceux-là étaient vivants, heureusement, mais ils n'avaient rien mangé depuis quatre jours.

Ces immigrants clandestins ne viennent même pas toujours du Tiers Monde. Bien souvent c'est d'Europe qu'ils viennent. Car il n'y a pas que les immigrants africains traversant la Méditerranée pour l'Espagne dans des embarcations de fortune, ni ceux du sous- continent indien et du Sud-Est asiatique qui, par le Moyen-Orient et l'Allemagne, finissent par arriver - parfois - en Grande-Bretagne. Il y a aussi les Albanais qui tentent leur chance pour gagner les côtes italiennes de nuit, les Polonais qui traversent illégalement les barbelés de la frontière allemande, ou encore les immigrants venus de l'ex- Yougoslavie, risquant les balles des garde-frontières autrichiens pour tenter de sortir de l'enfer qu'est devenu leur pays au cours des années de guerre écoulées.

Face à cela, il y a le durcissement croissant des gouvernements européens, qui de plus en plus font ressembler l'Europe des pays riches à une forteresse entourée de barbelés - et ce qui est encore pire, le plus souvent pour des raisons politiciennes, pour flatter les préjugés xénophobes présents dans la population.

Si la Grande-Bretagne attire peut-être un plus grand nombre d'immigrants clandestins, parce que les papiers d'identité n'y sont pas obligatoires et que la langue anglaise est la plus parlée au monde, cela fait longtemps qu'elle se distingue également dans le domaine de la répression. Surtout depuis l'arrivée au pouvoir des travaillistes qui, depuis trois ans, ne cessent de céder à la surenchère démagogique de leurs rivaux conservateurs. C'est ainsi que le gouvernement Blair a multiplié camps et prisons pour demandeurs d'asile, ainsi que les déportations d'immigrés " illégaux ", tout en réduisant à la misère le petit nombre de ceux qu'il autorisait à rester sur son sol en attendant que leur demande de droit d'asile soit instruite.

Et chaque fois que les Etats européens donnent un nouveau tour de vis à leur politique répressive vis-à-vis des immigrants des pays pauvres, ce sont des milliers de ces émigrants chassés de leur pays par la misère ou la guerre qui se trouvent jetés, de fait, dans les bras de ces trafiquants d'hommes qui leur vendent une fortune l'espoir insensé de pouvoir se fondre dans la masse des populations des pays riches. A Douvres, ce sont ces trafiquants qui ont assassiné les 58 immigrants clandestins chinois. Mais c'est sur la politique des Etats des pays riches, et surtout sur la pourriture d'un système qui génère la misère et la mort aux quatre coins du monde, que prospèrent ces esclavagistes modernes.

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