Fret SNCF : Trafic en hausse ; et les conditions de travail ?23/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1667.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fret SNCF : Trafic en hausse ; et les conditions de travail ?

L'" Entreprise SNCF ", pour parler comme la direction de la SNCF, poursuit depuis deux ans maintenant ce qu'elle appelle son " projet industriel " qui vise, dans tous les domaines de son activité, à raisonner comme n'importe quelle entreprise privée et donc, à obtenir une rentabilité commerciale en progression permanente.

Doubler le trafic fret en dix ans fait partie de ce qu'elle appelle ses " objectifs réalistes ", qui pour être atteints signifie une croissance annuelle de 15 % par rapport à 1999. De ce point de vue, la direction SNCF se déclare satisfaite des résultats du premier trimestre 2000, qui affichent une augmentation du trafic de 8 %. Le hic dans tout ce beau tableau, c'est que, mis à part le trafic, rien n'augmente : ni le nombre de matériels modernes, locomotives comme wagons, ni bien sûr le nombre d'agents de conduite pour conduire les trains en question, sans parler de tous les autres cheminots utiles pour que le trafic s'effectue correctement, en toute sécurité.

Après les grèves des roulants de la fin mai dans différents secteurs (Saint-Etienne, Limoges, Nantes, Dijon, Marseille, région parisienne), la direction a déclaré qu'" il est d'abord urgent de renouveler et de développer le parc de locomotives, de moderniser les triages ", etc. Mais les premières locomotives pour le fret commandées par la SNCF ne doivent pas arriver avant 2002... Les organisations syndicales de leur côté soulignent le manque d'effectifs criant, l'insuffisance du nombre de formations de nouveaux agents de conduite, le vieillissement du parc des engins. Sud-Rail réclame 600 agents de conduite de plus, la FGAAC estime qu'il manque " 133 conducteurs par rapport à ce qui était prévu ". Sud-Rail encore notait que, depuis le début de l'année 2000, 1 824 trains de marchandises n'avaient pu être assurés à cause d'un manque de locomotives et 4 319 par manque d'agents de conduite ! Pour compléter le tableau, il faudrait encore retenir que 18 mois au minimum sont nécessaires pour former un agent de conduite et que l'insuffisance des prévisions risque d'entraîner à brève échéance une situation insupportable. Enfin, l'application des 35 heures sans les embauches compensatrices se traduit, forcément puisque le trafic augmente, par des heures de conduite plus longues et des conditions de vie dégradées.

Ainsi, en ce qui concerne le transport des marchandises tout comme en ce qui concerne celui des voyageurs, la SNCF entend rentabiliser son Entreprise (avec un grand E, s'il vous plaît) sur le dos des cheminots. Pendant que les résultats commerciaux sont à la hausse, rien n'augmente (et surtout pas les salaires) pour les cheminots... Jusqu'à quand ?

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