Quinquennat, kékséksa ?16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Quinquennat, kékséksa ?

Chirac et Jospin sont d'accord pour organiser un référendum à l'automne prochain. Ils veulent pouvoir procéder à l'élection du président de la République tous les cinq ans au lieu de tous les sept ans.

Le peuple sera consulté nous dit-on, en vertu des règles démocratiques. Il est vrai qu'il serait bien normal que la population puisse donner son avis sur ce qui la concerne. Mais est-ce qu'on nous demande notre avis pour savoir si nous sommes d'accord pour que le super grimpe à plus de 8 francs le litre pour permettre aux compagnies pétrolières de s'en mettre toujours davantage dans les coffres et pour que l'Etat fasse grossir sa cagnotte ?

Est-ce qu'on nous demande notre avis pour savoir si le patronat et quelques représentants de confédérations syndicales auront le pouvoir de décider avec l'aval du gouvernement qu'un chômeur devra dorénavant accepter n'importe quel travail à n'importe quel prix, même s'il ne correspond pas à sa qualification, même s'il est payé en dessous du SMIC, faute de quoi il cessera d'être indemnisé ?

Est-ce qu'on nous demande notre avis lorsque les dirigeants des grosses sociétés comme Michelin, Elf-Total, Alstom et bien d'autres, continuent à supprimer des emplois et fabriquer des chômeurs, des précaires, des sous-smicards, en même temps qu'ils grossissent leurs profits et qu'ils raflent les subventions de l'Etat au détriment de l'intérêt général ?

Est-ce que nous avons été consultés pour savoir si la loi sur la prétendue réduction du temps de travail, introduisant davantage de flexibilité et entièrement au bénéfice des patrons, devait être adoptée ?

Non bien sûr ! Mais nous devrions quand même être contents : nous allons pouvoir dire si nous voulons bien que Jospin ou Chirac ou tout autre individu au service d'une politique favorable à une minorité de gros possédants, puisse pendant cinq ans au lieu de sept ans se maintenir au pouvoir, quoi qu'il fasse, au mépris ou pas de ses promesses électorales, quoi que puissent en penser les travailleurs ou même la population en général.

Certes dans ce pays dit démocratique qu'est la France, on ne se prive pas d'appeler aux urnes les citoyens. En dehors de ce référendum qui vient de nous tomber dessus pour cette année 2000, il y aura des municipales en 2001, des législatives en 2002, puis des présidentielles quelques semaines après, et tous les partis politiques dont l'ambition est de se relayer au pouvoir ne pensent qu'à ça, ne s'occupent que de ça.

Mais qu'est-ce que ça change quand la gauche remplace la droite ? Le Parti Socialiste au gouvernement, même flanqué de ministres du Parti Communiste, mène une politique tout autant contraire aux intérêts des travailleurs que la droite. Jospin fait même passer, en s'appuyant sur la passivité - pour ne pas dire la complicité - des dirigeants des centrales syndicales, des mesures que Juppé n'avait pas réussi à faire avaler, que ce soit en ce qui concerne les retraites, les fonds de pension ou le processus de privatisation des services publics ou autres.

Ce qui serait démocratique au vrai sens du terme, serait de donner la possibilité de démettre tous ces prétendus représentants du peuple qui font le contraire de ce pour quoi ils ont été élus, président, députés et autres. Oui ils devraient être éligibles et révocables à tout instant pour que ce soit vraiment le peuple qui décide. Mais que le président de la République soit élu pour 5 ou 7 ans ne change rien à l'affaire.

Dans un régime où le pouvoir appartient à l'argent et reste de fait dans les mains d'une minorité de capitalistes, les élections sont un leurre. Elles servent à endormir la masse des travailleurs en leur laissant croire qu'avec un bout de papier glissé périodiquement dans l'urne, ils pourront changer leur sort. Mais de gouvernement de droite en gouvernement de gauche, en passant ou non par la cohabitation entre un président de droite et un Premier ministre de gauche et vice versa, regardons ce qu'il en est.

Laissons les hommes de gouvernement s'exciter sur les élections. Mais nous les travailleurs, préparons-nous à mener les seuls combats qui peuvent réellement changer notre vie, ceux que nous mènerons, tous ensemble, contre le patronat et contre tous les gouvernants à son service.

Editorial des bulletins d'entreprises l'Etincelle de la minorité du 12 juin 2000

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