PARE : Un Plan pAtronal pour le Retour à l'Exploitation renforcée16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

PARE : Un Plan pAtronal pour le Retour à l'Exploitation renforcée

La renégociation de la convention UNEDIC entre le Medef et les directions syndicales est en voie de se conclure. L'organisation patronale ne cache pas sa satisfaction, accompagnée dans ses discours d'autosatisfaction par ceux des représentants de la CFDT, de la CGC, et de la CFTC qui s'apprêtent à apposer leur paraphe au bas du texte patronal, le temps de " consulter leur base ", annoncent-ils. La CGT et FO ont déclaré qu'ils refusaient de donner leur signature.

Jusqu'au bout le patronat a maintenu la pression, avec d'autant plus d'aisance qu'une partie de ses interlocuteurs syndicaux se sont situés d'emblée sur le terrain que les représentants patronaux avaient eux-mêmes balisé. En effet, c'est bien dans le cadre imposé par le patronat, et uniquement dans ce cadre, que la discussion s'est déroulée. Le Contrat d'aide au retour à l'emploi (CARE) s'est transformé en PARE (Plan d'aide au retour à l'emploi), mais ce changement d'étiquette n'est qu'un tour de passe-passe verbal. En fait depuis le début il s'agissait pour les patrons d'imposer une nouvelle brèche, et pas des moindres, dans le dispositif d'indemnisation des chômeurs (de ceux qui sont indemnisés, mais nombreux ne le sont pas ou plus). Même si le système de dégressivité de l'indemnisation a été assoupli, celle-ci demeure dans l'accord proposé. L'indemnisation sera diminuée si le chômeur n'accepte pas les propositions qu'on lui fait, et sera totalement supprimée au quatrième refus (au lieu du troisième, comme il était initialement prévu). La belle avancée ! Pour sa défense le représentant patronal a invoqué le fait que la dégressivité dans l'indemnisation des chômeurs que le Medef veut renforcer existait déjà, et qu'elle avait été instaurée par Martine Aubry en 1982. C'est vrai. Mais une infamie passée n'excuse pas cette infamie nouvelle et renforcée que veulent imposer les patrons. Et quelles que soient les modifications de dernière minute qui peuvent être (ou pas) introduites dans la rédaction du projet initial, l'objectif voulu par l'organisation patronale sera atteint car, ce qui lui importe, c'est moins les virgules et les nuances introduites et acceptées par les négociateurs, que le fond du projet et ses conséquences concrètes. La méthode est classique : on présente un projet, puis on en atténue, un peu, certains de ses aspects, ce qui permet aux signataires syndicaux de crier victoire, alors qu'en fin de compte les patrons ont réussi à rogner l'essentiel de ce qu'ils voulaient, sur les garanties, pourtant déjà maigres, des chômeurs.

En fait le PARE que propose le Medef n'est pas autre chose qu'un Plan d'aide (en faveur des patrons) au retour à l'exploitation qui réduira non pas automatiquement le chômage, mais à coup sûr le coût de l'embauche ; et en même temps - autre souhait des patrons - le coût de leurs cotisations.

A cela s'ajoute le deuxième volet de cette discussion, lui aussi mis à l'ordre du jour par le Medef, et dans le même esprit : l'instauration de contrats de travail qui légaliseront un peu plus encore la précarité. Cette fois encore la discussion se déroule dans le cadre fixé par le patronat, qui n'impose pas seulement que l'on discute sur ses bases, mais là aussi fait pression en agitant la menace de quitter les organismes paritaires, ce qui paraît beaucoup inquiéter les partenaires syndicaux. Comme si cette parité permettait une meilleure défense des intérêts du monde du travail ! C'est tout le contraire. On en a encore une fois la preuve.

Pour l'instant donc, seuls les représentants de la CGT et de FO refusent de signer des textes inspirés par le Medef. Nicole Notat de la CFDT se fait, elle, le relais des propositions patronales. Les autres confédérations, telles la CFTC ou la CGC, vont certainement s'aligner aussi. Le gouvernement, quant à lui, s'est contenté de faire les gros yeux, signifiant au patronat qu'il ne faudrait pas qu'il exagère, mais il en est resté là. Paritarisme oblige !

Reste que ces discussions et leur aboutissement constituent une attaque ouverte et grave, une de plus, contre le monde du travail, en l'occurrence contre ceux qui en sont privés, et que l'on veut contraindre à en passer par les volontés du patronat.

Les patrons s'imaginent qu'ils ont les mains libres et que tout leur est permis. La classe ouvrière pourrait les détromper, et plus vite qu'ils ne le croient. Il faut tout faire pour cela.

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