Lire : "Police contre FLN" de Jean-Paul Brunet16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

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En pleine guerre d'Algérie, le 17 octobre 1961, des manifestations de travailleurs immigrés algériens contre le nouveau couvre-feu qui leur était imposé étaient organisées par le FLN en différents points de Paris. La répression policière fut féroce. Il y eut des milliers d'arrestations (plus de 11 000 pour 20 000 manifestants selon la préfecture de police) ; de nombreux Algériens furent tués (le chiffre de 200 fut avancé), certains sous les coups, d'autres par balles, d'autres encore noyés. Les jours suivants des corps d'Algériens furent repêchés dans la Seine. Le préfet de police d'alors, Maurice Papon, le même qui s'était tristement illustré à la préfecture de Bordeaux en organisant la déportation des Juifs sous les ordres du gouvernement de Vichy, n'en reconnut que deux !

Jean-Paul Brunet, historien et professeur, déclare présenter ici une histoire des événements " libérée de toute attitude passionnelle " et exigeante " d'esprit critique ". En fait, d'une lecture souvent très irritante, son livre manifeste beaucoup plus d'attention aux témoignages de la police qu'à ceux qui ont dénoncé la répression.

Après deux chapitres consacrés à l'histoire de l'implantation du FLN au sein de la population algérienne en France, l'auteur décrit ce qu'il appelle le " malaise de la police ", victime d'attentats du FLN, avant d'aborder les violences policières contre les Algériens et plus particulièrement celles commises au cours des manifestations du 17 octobre 1961 et des jours suivants.

De multiples témoignages sont rapportés, de travailleurs algériens interpellés alors qu'ils se rendaient à leur travail ou qu'ils en revenaient, et qui furent frappés, délestés de leur argent par des policiers ; ou de manifestants algériens interpellés, tabassés dans les cars de police et devant passer entre " deux haies d'honneur " à leur arrivée dans un centre de détention. Ces témoignages sont confirmés par d'autres, provenant de journalistes, de syndicalistes de la police, voire de simples passants. Mais l'auteur met systématiquement en doute tous ces témoignages, alors que les rapports des officiers et des commissaires de police sont commentés avec complaisance. Brunet se contente la plupart du temps de prendre pour argent comptant les déclarations des responsables de la police.

L'auteur est obligé cependant de conclure en confirmant que, ce 17 octobre 1961, la police a matraqué à mort des dizaines et des dizaines d'Algériens. Il finit par reconnaître que la police a agi en toute impunité, couverte par toute sa hiérarchie et par le ministre de l'Intérieur. Mais l'abondance des témoignages n'empêche pas les commentaires d'être marqués, derrière une prétendue absence de parti-pris, d'un préjugé favorable à la police française, ce qui fait perdre considérablement de son intérêt au texte.

Alain VALLER

"Police contre FLN, le drame d'octobre 1961" de Jean-Paul Brunet, Editions Flammarion, 345 pages, 120 F.

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