Lever Haubourdin (Nord) : Mettre en commun ses forces pour empêcher les licenciements16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lever Haubourdin (Nord) : Mettre en commun ses forces pour empêcher les licenciements

La mobilisation commune contre la fermeture de plusieurs usines continue à se développer. Une première manifestation commune des salariés de Lever (Haubourdin), Alstom (Lys-lez-Lannoy), Bénédicta (Seclin) et Case N.H. (Croix), entreprises menacées de fermeture ou de licenciements, a déjà réuni 800 personnes à Lille pour demander à Martine Aubry d'intervenir auprès de leurs directions.

La ministre avait reconnu que le comportement de ces entreprises n'était pas correct et que le gouvernement, informé, préparait des mesures contraignantes vis-à-vis des entreprises en question. Mais les déclarations de Martine Aubry n'avaient pas suscité beaucoup d'espoir dans ces entreprises directement confrontées aux fermetures et licenciements massifs, d'autant moins d'ailleurs que, concrètement, rien n'a changé. En revanche, elles ont suscité de plus en plus de mécontentement. Et l'idée de la nécessité pour les salariés de prendre eux-mêmes leur sort en main fait son chemin.

Diverses manifestations ont déjà eu lieu. A la mi-mai, cent salariés de Lever se sont invités à l'inauguration d'un nouveau centre commercial, construit sur une ancienne friche industrielle textile proche, pour dénoncer la disparition de centaines d'emplois dans cette entreprise devant quelques dizaines d'huiles venues se glorifier de la création d'une vingtaine d'emplois et qui durent donner la parole aux travailleurs de Lever. Le 20 mai dernier, à l'appel du Comité CGT de soutien à l'emploi des Weppes (le secteur de Lever), quatre cents manifestants étaient dans les rues d'Haubourdin.

Depuis, à Lever, la mobilisation du personnel continue. Une trentaine d'ouvriers et d'employés distribuent des tracts et discutent avec les travailleurs d'autres entreprises, expliquant la nécessité de défendre leurs intérêts en commun. Par ailleurs, le travail continue, mais au rythme décidé par les ouvriers, avec une production inférieure à la moitié de ce qu'elle était avant, et lorsque les cadres ont tenté de pousser à la production, ils n'ont réussi qu'à déclencher son arrêt total.

Des militants de la CGC eux-mêmes ont informé l'ensemble du personnel de ce que vaut la proposition de reprise de la moitié des salariés par l'entreprise espagnole Bilore. Il s'agit d'une entreprise sous perfusion de la région basque, dont tout laisse à penser qu'aujourd'hui, elle envisagerait de reprendre les salariés de Lever avec près de 20 % de baisse de salaire, sans les primes et sans ancienneté, c'est-à-dire avec des revenus divisés par deux ! Bien sûr, si nous sommes contraints d'en passer par Bilore, il faudrait imposer à Lever de payer les compléments de revenus sur plusieurs années. Il faudrait aussi que Lever paye les salaires jusqu'à la retraite de ceux qui ont 50 ans et plus et qui n'ont guère de possibilité de retrouver du travail. C'est aussi pour cela qu'une revendication devient populaire, celle du " million ", un million de francs comme indemnité de licenciement imposé à Lever, ce qui n'écornerait que faiblement les bénéfices de ce trust.

En attendant mieux, alors que la direction voulait négocier un horaire de 35 heures, le personnel a imposé à la direction le maintien de l'horaire à 32 heures, mais payées 40 h 50, avec un rattrapage de 3 000 F en juin et 600 F par mois de juin à décembre. Ce n'est qu'un mince acompte, mais cela a donné du courage aux agents de maîtrise qui ont reçu le soutien des ouvriers pour exiger la même chose et qui ont été eux-mêmes le demander, soutenus par une délégation massive des ateliers.

Il devient toujours plus évident qu'à quatre cents, nous avons un poids limité pour bousculer les projets d'Unilever et secouer les pouvoirs publics. Aussi, l'idée émise au départ par quelques travailleurs de regrouper les luttes de toutes les entreprises qui ferment, qui licencient ou qui tentent d'imposer des mesures antisociales dans la région, progresse.

Jeudi 8 juin, une réunion s'est tenue à Lever pour préparer la prochaine manifestation commune du 17 juin à Lille. Quarante délégués syndicaux (CGT, FO, CFDT, CGC, CFTC et FILPAC-CGT) de dix-huit entreprises (3000 salariés au total) qui sont menacées de fermeture ou qui prévoient en ce moment des licenciements étaient présents avec une trentaine de salariés de Lever. Tous les militants ont approuvé l'idée d'essayer de mobiliser les salariés de ces entreprises au travers d'actions communes, en vue d'empêcher les suppressions d'emplois et de faire pression sur le gouvernement pour interdire les licenciements.

En plus de cette seconde manifestation commune, des manifestations déjà prévues, par l'Alstom à Roubaix et par les Verreries de Masnières, devraient être renforcées par les salariés des autres entreprises. Il a également été décidé de se recontacter à chaque initiative envisagée et d'organiser dès septembre une rencontre que tout le monde espère plus nombreuse encore.

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