La loi Aubry sur les 35 heures : Pas bon pour le moral, pas bon pour la santé !16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La loi Aubry sur les 35 heures : Pas bon pour le moral, pas bon pour la santé !

" Le souci des employeurs de produire autant voire davantage dans un laps de temps plus court va vraisemblablement densifier, intensifier et rigidifier le travail. Cela peut développer les troubles musculo-squelettiques, les troubles du sommeil, le stress et avoir des conséquences sur la vie privée et sociale des salariés [...] ". En ces termes, un des médecins du travail participant à un congrès réuni à Lille, début juin, exprimait son sentiment face à la mise en oeuvre des 35 heures, sentiment qui semble avoir été partagé par d'autres.

En cause la loi Aubry ? Si ces médecins ont affirmé qu'il était trop tôt pour faire un bilan, ils ont quand même souligné les méfaits sur la santé de la flexibilité et de l'accélération des rythmes de travail. L'une des formes du travail industriel les plus éprouvantes, le travail à la chaîne, contribue elle aussi à détruire la santé de ceux qui y sont soumis. Or elle est loin de disparaître. Au contraire. Le pourcentage d'ouvriers qualifiés qui travaillent à la chaîne est passé de 7,5 % en 1984 à 15 % en 1998 ; chez les non-qualifiés, il est passé, dans le même laps de temps, de 20 à 30 %.

Le fait est qu'en général, même sans études statistiques récentes pour le prouver, les premiers effets de la loi Aubry n'ont pas été une amélioration des conditions de vie et de travail des salariés concernés mais bien une dégradation. C'est du moins ce qui se passe dans de très nombreuses entreprises, du secteur public comme du secteur privé, dans lesquelles des luttes se sont menées et se mènent encore afin de protester contre l'absence d'embauches vraiment compensatrices, contre la flexibilité accrue, contre l'intensification des cadences et des pressions de tout ordre sur les travailleurs, contre l'embauche de précaires qui n'ont ni formation ni compétence pour assumer les travaux exigés et pour lesquels, en conséquence, les risques d'accidents augmentent.

En somme, refuser l'application des 35 heures dans sa version Aubry comme résister à l'exploitation renforcée que voudrait imposer l'ensemble du patronat avec l'appui du gouvernement devient ainsi une simple question de santé physique et morale. Et ce sont des médecins du travail eux-mêmes qui le disent !

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