Fonction publique : Résorption des emplois précaires, un projet hypocrite16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Fonction publique : Résorption des emplois précaires, un projet hypocrite

Des négociations devaient s'ouvrir le 15 juin entre le gouvernement, représenté par le ministre de la Fonction publique, Michel Sapin, et les organisations syndicales, concernant un nouveau projet de " résorption des emplois précaires " dans la Fonction publique, les collectivités territoriales et les hôpitaux publics.

C'est une habitude. Régulièrement les gouvernements de droite et de gauche s'engagent, successivement et solennellement, à mettre un terme au scandale des emplois précaires dans la Fonction publique et dans tous les services qui en dépendent indirectement. Cela touche aujourd'hui plus d'un million de personnes, sans que l'on en sache exactement le nombre. Et nous en sommes, avec le futur projet Sapin, au quatrième plan sur ce sujet en 24 ans, sans parler des plans particuliers décrétés entre-temps, comme ceux de l'Education nationale.

En réalité tout le monde n'est pas traité à la même enseigne. Il y a, d'un côté, des centaines de milliers de travailleurs mal payés, parfois largement en dessous du SMIC, qui pour certains peuvent être jetés à la rue du jour au lendemain. Et puis, de l'autre, il y a des milliers d'attachés, de chargés de mission, dans les ministères, dans les administrations diverses des services publics, dans les collectivités territoriales, auprès des Conseils généraux, des maires, des Conseils régionaux, des HLM, etc., qui bénéficient de payes et de primes substantielles, qui ne sont absolument pas à plaindre mais qui sont aussi classés dans les " emplois précaires ".

Le scandale réside dans la façon dont les gouvernements, celui-ci comme les autres, traitent ceux qui sont tout en bas de l'échelle. Car pour distribuer toujours plus d'argent aux grandes sociétés privées, les gouvernements depuis 25 ans rognent toujours plus sur la part des services publics. Ils affirment haut et fort qu'ils s'opposent à toute création d'emplois de fonctionnaire. Mélangeant volontairement au passage l'aide-soignante des hôpitaux et les directeurs des finances.

Seulement, même pour faire marcher de façon insatisfaisante les hôpitaux, l'enseignement public, La Poste... il faut bien combler les suppressions d'emplois organisées massivement. Alors l'Etat et les administrations, bien souvent au mépris même des lois en vigueur, font appel pour combler les postes vacants à des Contrats Emploi Solidarité payés 2 500 francs par mois, renouvelés ou changés, et à une multitude de types de contrats, où parfois le salarié n'est jamais sûr à l'avance du montant de sa paye, puisque celle-ci peut être même subordonnée aux coups de fil qu'il pourrait recevoir pour le convoquer au travail, en fonction des besoins.

Mais, d'entrée, Michel Sapin a fait savoir qu'il n'entendait pas toucher aux plus mal lotis, aux CES, car, a-t-il eu le culot de dire, " ce sont des contrats de droit privé " ! Et c'est plus qu'un aveu. A propos de la réforme qu'il envisage, il a tenu à préciser : " Cette opération ne coûte pas cher à l'Etat, car on crée des emplois sans créer des fonctionnaires ". Aussi on est en droit de se demander quelle catégorie pourrait être concernée par cette toute dernière " réforme ", et surtout quels seront ses effets véritables. Sapin déclare qu'il veut que les services publics et l'Etat arrêtent de recruter de façon injustifiée des non-titulaires pour répondre aux besoins immédiats. Par quels moyens ? En embauchant massivement ? Pas du tout, il faudrait, selon lui, mettre sur pied " une gestion prévisionnelle des emplois ". Et il ajoute à propos de l'ensemble des emplois dans les services publics : " Ce qui est voté au Parlement doit correspondre à la réalité ".

Derrière ce projet à prétention sociale, une nouvelle fois, il peut y avoir simplement la continuation de la politique actuelle... en pire. Car depuis des années le gouvernement Jospin s'acharne à supprimer et à ne pas créer les centaines de milliers d'emplois nécessaires dans l'ensemble des services publics utiles à la population.

Partager