EDF-GDF (Centre de Paris - rive gauche) : Coup de colère contre les licenciements16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF-GDF (Centre de Paris - rive gauche) : Coup de colère contre les licenciements

Depuis deux ans quelques embauches ont repris à EDF-GDF, très insuffisantes cependant pour empêcher la baisse continue des effectifs.

Dans le passé les nouveaux embauchés étaient quasi automatiquement titularisés après un an de présence. Aujourd'hui ce n'est plus le cas : la direction a institué un véritable parcours du combattant, d'abord pour être embauché, et ensuite pour être titularisé. Elle ne se cache pas pour dire qu'il est normal qu'il y ait "de la perte" et que des jeunes soient licenciés au cours de la première année. Elle entend ainsi mettre la pression sur les jeunes en question, mais aussi sur l'ensemble du personnel.

Dernièrement la direction du centre de Paris rive-gauche vient d'annoncer le licenciement de trois jeunes embauchés. Dans les trois cas les reproches étaient insignifiants, ridicules, voire inventés.

Contre un jeune présent depuis bientôt trois ans dans l'entreprise (puisqu'il a commencé par faire deux ans d'apprentissage), la direction invoque une lettre de réclamation d'un client. Il y a parfois des clients qui écrivent pour n'importe quoi. Qu'y a-t-il dans cette lettre ? Mystère, il est impossible de la voir. Tout le monde se dit que, s'il y avait eu un reproche fondé, la direction n'aurait pas hésité à montrer ladite lettre.

À un autre jeune ouvrier "beur", il est reproché sa grande timidité devant les clients. La réalité c'est que le jeune en question doit parfois affronter le racisme de certains clients et gardiens d'immeuble, ce qui ne favorise pas le contact "décontracté".

Devant cette situation, sa hiérarchie l'a bien accompagné... mais c'était pour le contrôler lui, avec rapport à l'appui, à chaque sortie, avec des remarques du genre de celle consistant à lui reprocher de ne pas mettre sur le devant de son sac les outils dont il se sert le plus. Et il risque d'être licencié pour cela ! Mais en réalité parce que la direction préfère capituler devant le racisme de certains clients.

Quant au troisième, qui a une trentaine d'années, il vient du privé d'où il a démissionné pour rentrer à EDF-GDF. Ses compétences professionnelles sont reconnues de tous, mais le chef (qui fait l'unanimité contre elle par ses méthodes dictatoriales) l'a pris en grippe, et trouve qu'il est... trop jovial !

Pour les collègues des trois embauchés, ce fut d'abord l'écoeurement. C'est du service du troisième qu'est partie la colère. Il y a deux mois un premier débrayage avait lieu et l'ensemble du personnel du service (35 personnes) "débarquait" dans le bureau de la chef tandis qu'une délégation était reçue par la direction du centre. Le personnel obtenait la mutation de leur collègue dans un nouveau service, la direction disant lui donner une "deuxième chance". Tout se passant fort bien dans son nouveau service, l'affaire semblait "classée". Quelle ne fut pas la stupéfaction de tous lorsque fin mai on apprenait le maintien des trois licenciements !

Il n'était pas question de laisser passer cela ! Le personnel de "l'agence entreprises et professionnels" décidait alors de s'adresser à tout le personnel du centre, et en particulier à ceux des deux autres agences où travaillent les deux autres licenciés, par un tract appelant à débrayer le jour de la commission secondaire qui devait statuer sur le sort des trois, le 6 juin.

L'accueil a tout de suite été bon, et lors d'une assemblée générale préparant ce mouvement beaucoup de salariés exprimèrent leur colère et organisèrent même un piquet de grève, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps.

Le jour de la commission, une centaines d'agents, appelés par la CGT, ont envahi l'assemblée, et la brochette de cadres de la direction a dû entendre leur ressentiment. Des salariés qui n'avaient jamais fait grève étaient là et tenaient à le faire savoir. À la fois des ouvriers et des agents de maîtrise (techniciens gestionnaires) se retrouvaient ensemble, et étaient heureux et fiers d'être là.

Malgré cela, la direction n'a pas reculé, et les lettres de licenciement sont parties. Le personnel, qui a repris le travail après le débrayage, ne s'estime pas encore battu. Certains veulent s'adresser à d'autres collègues, et même à l'extérieur d'EDF-GDF.

L'affaire n'est donc pas finie

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