Au centre de tri de la poste du Louvre, la direction prétendait supprimer 35 emplois sur les 600 existants à l'occasion du passage aux 35 heures. Elle a dû reculer après quatre jours d'une grève qui a touché massivement le centre de tri et, à un moindre degré, les 800 employés de la distribution qui travaillent dans le même immeuble, les facteurs en particulier.

Dès que la direction a distribué ses " scénarios " de réorganisation des services, le mécontentement a été immédiat. Les discussions allaient bon train. Elle voulait imposer, en plus des suppressions d'emplois, la fin des brigades classiques à plus ou moins long terme. Par exemple les brigades de nuit qui travaillent une nuit sur deux devaient être progressivement remplacées par un service de 23 h 30 à 6 heures, cinq jours sur sept. De même la direction voulait supprimer de nombreux emplois en brigades de jour, avec à la clé la disparition de celles-ci. Au service de la collecte, qui relève les boîtes à lettres et les entreprises à domicile, les horaires de mixte, de 9 heures à 17 heures, devaient subir le même sort. Ces changements entraient dans un plan général de La Poste visant à supprimer ces horaires au profit d'autres, soi-disant plus adaptés aux pointes de trafic, et la mise en place des 35 heures était pour la direction l'occasion de passer aux actes.

Aussitôt, dans tous les services, des assemblées générales se sont tenues et mardi 7, lors de l'assemblée générale de la nuit, nous avons décidé d'arrêter immédiatement le travail sans préavis. Nous nous sommes retrouvés à bloquer le centre. Et le lendemain matin nous avons attendu les services de jour pour les entraîner dans la grève. Nous n'avons eu aucun mal à les convaincre de nous rejoindre dans le mouvement. Tout au long de la journée du mercredi 8, ce ne furent que des assemblées permanentes, au fur et à mesure que les postiers arrivaient pour prendre leur service. Tant et si bien que le jeudi c'est à 80 % que nous étions en grève, paralysant non seulement le centre de tri mais également en grande partie les services de la distribution.

Ce matin-là, une centaine de facteurs sur les 350 présents se mirent à leur tour en grève. Eux aussi devaient recevoir leurs " scénarios " pour les 35 heures et tout laissait supposer qu'il y aurait là aussi, comme partout, des suppressions d'emplois. Immédiatement, la direction du centre de tri proposait des négociations. Mais comme elle ne voulait diminuer que de moitié les suppressions d'emplois, cela provoqua le tollé et le mécontentement du personnel présent. La grève se prolongea donc un jour de plus. Au milieu de la journée du vendredi, la direction annonçait publiquement qu'il n'y aurait aucune suppression d'emploi, ce qui veut dire que chaque départ sera remplacé. Elle s'engageait aussi à ne pas modifier les régimes de travail actuels et elle retirait ses " scénarios ". Pour " calmer les esprits " elle ne considérait pas la journée de vendredi comme jour de grève.

Pour nous tous c'était une victoire, et la reprise au centre de tri se fit dans la bonne humeur. Mais les choses ne sont pas finies, car à la distribution et aux guichets le problème des 35 heures n'est toujours pas réglé. Dans les jours qui viennent, la direction va commencer à annoncer ses projets aux facteurs et aux guichetiers. Et ceux-ci n'ont pas plus de raisons de les accepter qu'au Centre de tri. Affaire à suivre.