Le 26 mai au petit matin, la police a évacué de la Bourse du travail de Lille, 25 sans-papiers qui étaient en grève de la faim depuis 49 jours pour obtenir que les 112 sans-papiers du Nord soient tous régularisés.

Alors que deux jours avant ils avaient signifié aux médecins venus les visiter qu'ils ne souhaitaient pas de soins, ils ont été conduits contre leur gré à l'hôpital. Le préfet, qui a décidé l'opération, s'est permis de la présenter comme " une opération humanitaire ", ajoutant :" En tant que préfet et en tant qu'homme, je ne peux pas laisser mourir de faim des êtres humains ". Pourtant pour leur éviter la mort ou des séquelles peut-être irréversibles, il suffirait de satisfaire leur demande. Or le préfet du Nord n'a accepté que quatre régularisations. Envers ces hommes acculés à vivre dans la misère et la clandestinité, les préfectures se montrent intraitables et pratiquent depuis des mois une politique musclée à coups d'expulsions. Ce fut déjà le cas à Lille au mois de mars où des sans-papiers furent successivement chassés par la police du Centre hospitalier régional, puis du foyer de l'École de l'Institut d'Etudes Politiques.

A ceux qui ont fui la détresse dans leur pays pour trouver coûte que coûte du travail pour vivre, Jospin avait promis la régularisation lors de sa campagne électorale de 1997. Puis on leur a dit de constituer des dossiers à déposer en préfecture et finalement le gouvernement s'est assis sur ce qu'il s'était engagé à faire. C'est odieux.

Ces femmes et ces hommes vivent pour certains depuis des années en France, ils doivent obtenir de pouvoir y vivre normalement. Il faut pour cela des papiers pour tous.