Le chômage baisse, mais la précarité augmente !02/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1664.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le chômage baisse, mais la précarité augmente !

Le chiffre officiel du nombre de chômeurs vient de passer sous la barre symbolique des 10 %, ce qui tombe bien pour le gouvernement au moment où commencent à fleurir aux coins des rues des tracts du Parti Socialiste se vantant du recul du chômage. Mais si on ajoute aux 2,4 millions de chômeurs officiellement recensés, les précaires, les travailleurs à temps partiel, les RMIstes et ceux qui ont disparu des statistiques, ce sont quelque 4,3 millions de salariés qui, selon l'UNEDIC, sont " en contact avec le chômage ".

En avril dernier, il y a donc eu, selon les chiffres, 77 000 chômeurs de moins, soit une baisse moyenne de 53 000 chômeurs par mois depuis le début de l'année. Cette baisse du chômage profite d'abord aux jeunes et guère aux plus de 50 ans. Mais, pour avoir une vue plus proche de la réalité du chômage, il faut ajouter à ces 2,4 millions les quelque 500 000 chômeurs qui ont travaillé à temps partiel ce qui amène le nombre des chômeurs à 2 875 400 (chiffres de l'ANPE), puisqu'ils restent demandeurs d'un emploi à temps plein. Ce sont ces 500 000 chômeurs qui ont été sortis de la statistique par le précédent gouvernement et pas réintégrés par l'actuel.

Et si la statistique officielle du chômage donne des signes d'amélioration, d'autres chiffres trahissent une situation alarmante pour le monde du travail. En effet, le nombre des RMIstes ne cesse d'augmenter. On en dénombrait plus de 1,1 million il y a six mois. Autre chiffre à la hausse, le nombre des travailleurs précaires : 1,7 million en intérim, CDD ou CES. Enfin, 1,4 million de personnes déclarent " subir " le travail à temps partiel et préféreraient un emploi à temps plein.

Si les objectifs pour lesquels milite actuellement le patronat en matière de recherche d'emploi - une radiation plus rapide des chômeurs non prêts à accepter n'importe quel emploi - étaient atteints, les statistiques du chômage seraient encore meilleures. En revanche, on assisterait, ce qui est déjà le cas actuellement, à une précarité de l'emploi accrue, qui conduit tôt ou tard vers la misère.

Une journée d'études du Centre de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC), un partenaire de l'INSEE, vient de découvrir l'existence de " travailleurs pauvres ", dont les revenus sont parfois inférieurs aux allocations-chômage. Le seuil de pauvreté est fixé en France à 3 650 francs par mois. En 1983, ces " pauvres " représentaient 5 % des salariés. Ils ont passé la barre des 10 % en 1997 et seraient actuellement 1,85 million. Cette progression s'explique par la précarisation du marché de l'emploi : augmentation du nombre des CDD, des intérims, explosion du travail à temps partiel passé de 11,8 % en 1990 à 17 % en 1997 (un boom largement imputable aux allégements de charges patronales décidés par les gouvernants successifs depuis 1990). Et la rémunération à temps partiel sur la base du SMIC constitue l'antichambre vers la pauvreté.

Tout cela montre qu'il ne suffit pas de lisser les statistiques du chômage, il faut s'attaquer en profondeur à ce mal qui ronge la société. Attaquer le mal à la racine, ce serait s'en prendre à ceux qui sont les grands responsables du chômage, de la précarité et de la misère croissante : le grand patronat et les grands actionnaires ; ceux, justement, vis-à-vis de qui les gouvernements successifs, y compris celui de la gauche plurielle, montrent surtout du respect et des égards mais aucune volonté de demander le moindre compte. Bien au contraire.

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