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- Lutte ouvrière n°1663
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Michelin - Saint-Doulchard (Bourges) : Un avertissement
C'est à la suite de l'annonce des propositions de la direction sur les 35 heures que le ton a monté d'un cran dans les ateliers de l'usine Michelin de Saint-Doulchard, près de Bourges.
La direction voudrait utiliser une partie des congés supplémentaires en " compte épargne temps ", c'est-à-dire du temps à garder, récupérable au moment de la retraite. Une autre partie permettrait de payer le chômage technique. Ces quelques jours de congé (un tous les 5 ans), nous voulons pouvoir les prendre quand nous le souhaitons.
Mais ce qui a aussi révolté, c'est la façon dont la direction calcule notre temps de travail. Suivant les équipes, elle parle de 35 h 09 ou de 31 h 38 alors que nous passons 40, 48, voire 56 heures à l'usine !
Un autre motif de mécontentement est l'augmentation du nombre de samedis travaillés, qui passeraient de 17 à 25. Cela signifie qu'en 3x8 on tournerait un samedi sur 2 (au lieu d'un sur 3, qui n'était travaillé que le samedi matin) avec des semaines qui termineraient à 5 heures le dimanche matin !
C'est à l'appel des trois syndicats, CGT, FO, CFTC, que nous avons débrayé massivement le jeudi 18 mai. Sur les trois équipes, 600 ouvriers sur les 1 000 travailleurs de l'usine ont débrayé deux heures en fin de poste, et cela malgré les pressions des chefs. Quand ils passaient dans les ateliers, ils pouvaient entendre des réflexions comme : " Touche pas à mes congés ". Des intérimaires répondaient fièrement aux chefs qui les interrogeaient : " Oui, je suis en grève ".
Le plus remarquable dans ce débrayage, c'est que les jeunes nouvellement embauchés, dont bon nombre travaillent dans le secteur 3x8 en quatre équipes, ont débrayé massivement. Dans certains secteurs de production, il n'est plus resté que les chefs et les petits chefs.
Le lendemain, l'ambiance était très bonne dans les ateliers et les chefs avaient le profil bas.
Les discussions continuent et nous avons bien conscience qu'il s'agissait de donner un avertissement à Michelin, mais que si nous voulons le faire reculer, il faudra remettre ça.