- Accueil
- Lutte ouvrière n°1663
- Michelin - Clermont-Ferrand : Contre le travail du samedi et la remise en cause des congés, les débrayages continuent
Dans les entreprises
Michelin - Clermont-Ferrand : Contre le travail du samedi et la remise en cause des congés, les débrayages continuent
Les journées de grève se succèdent chez Michelin. Jeudi 18 mai, à l'image des journées précédentes (voir LO n°1661 et 1662), plusieurs milliers d'ouvriers et de techniciens ont encore cessé le travail, à l'appel des syndicats, et ils ont défilé entre les principales usines, notamment de Cataroux aux Carmes. Les motifs restent les mêmes : le refus de travailler encore plus de samedis et contre les menaces sur les congés.
Une grève bien suivie
Le scénario semble bien réglé maintenant : les syndicats CGT, CFDT et FO se mettent d'accord pour appeler l'ensemble à un débrayage, le jour des réunions paritaires qui servent de cadre aux négociations sur l'application des 35 heures.
Ils appellent à un débrayage de 3 heures qui touchent les équipes postées : ouvriers qui font les 3X8, en changeant d'équipe deux fois par mois. Ainsi que ceux en 2X4, c'est-à-dire dans les bureaux, services administratifs, commerciaux, techniciens. L'équipe postée de l'après-midi, dite du soir, fait grève aussi.
Des groupes de grévistes viennent des différentes usines, contents de se voir aussi nombreux. La mobilisation se traduit par des pourcentages élevés, atteignant 80% chez les ouvriers, avec des secteurs en pointe, pas toujours les mêmes selon les journées. Ainsi, jeudi 18, ce fut l'atelier V24 à Ladoux qui fit grève pratiquement à 100%. Aux Gravanches, une bonne moitié a participé au mouvement alors que, dans ce même secteur, le nombre de grévistes avait été assez faible les fois précédentes.
En arrivant aux Carmes, l'ensemble des grévistes se rassemblent dans une immense salle, le " forum ", où les syndicats interviennent successivement. Les discours sont plus ou moins écoutés, mais l'ambiance est bon enfant. Ce qui prédomine, c'est le contentement d'être là, nombreux, de revoir des camarades en grève d'autres secteurs, mais qui avaient été mutés. Et des groupes se forment avec des discussions animées.
Les samedis travaillés en plus et les congés constituent l'essentiel des discussions. Une partie des congés serait supprimée car décomptée dans le calcul du temps global de travail. Michelin veut les relier arbitrairement aux 35 heures et envisage la mise en place d'un compte épargne temps, qui constituerait une sorte de réserve et qui serait pris en compte au moment de la retraite. Ce sont ces CS (congés spéciaux) que la direction veut reprendre, amenuiser ou lâcher par miettes, quand elle le voudra, qui provoquent le plus de mécontentement.
Mais comment faire céder Michelin et l'obliger vraiment à renoncer à de tels projets, même s'il déclare que " tout est négociable " ? Les journées d'action limitées seront-elles suffisantes ?
Il y a un nouvel appel pour vendredi 26 mai. Cette fois, il s'agit de la réunion annuelles des actionnaires, devant se dérouler à bonne distance des usines, dans les salons de l'aéroport d'Aulnat. Les syndicats envisagent de s'y rendre avec un cortège de voitures.
Les provocations de Michelin
Au cours de la plus récente réunion syndicats-direction, en fait la septième réunion paritaire, la direction a décidé le report de la séance suivante à un mois, le 23 juin, histoire sans doute de voir venir et espérant le retour au calme d'ici-là.
Michelin déclare que les 7 200 suppressions de postes vont lui coûter cher : 11% de la masse salariale, soit plus de 750 millions de francs. Et que cela risque de " charger dangereusement les comptes de la Manufacture ". Il appelle cela des " surcoûts insupportables". Il frappe du poing sur la table pour demander aux syndicats de " réduire leurs exigences ".
Michelin veut bien étaler les départs des ouvriers jusqu'en 2005, au lieu de 2002. A Clermont-Ferrand, cela toucherait 970 travailleurs et entre 300 et 400 à Joué-les-Tours. Et pour la Manufacture (l'ensemble des usines Michelin en France), cela ferait 3 200 personnes.
Michelin espère bien obtenir la signature des syndicats sur son projet d'accord, ce qui lui permettrait d'empocher une fois de plus les subventions gouvernementales qui accompagnent les accords en question.
De leur côté les travailleurs sont en train de montrer qu'ils ne sont pas prêts à rester sans réagir face à leur patron et aux actionnaires toujours plus avides de profits.