Les navires de la SNCM et de la CNM ont repris leur rotation samedi 20 mai pour la Corse et l'Afrique du Nord. La reprise du travail a été votée en assemblée générale ce jour-là en début d'après-midi, après deux heures de discussions.

L'Assemblée corse ayant décidé de remettre à octobre prochain le vote sur les modalités d'attribution de la subvention de continuité territoriale pour les compagnies maritimes, la CGT et la CFTC étaient pour la reprise du travail. Dans l'AG quelques grévistes pensaient qu'il fallait au contraire continuer le mouvement parce que le report de l'Assemblée ne garantissait ni le maintien du service public ni le maintien de tous les emplois de la SNCM et de la CNM. Et, une fois la saison touristique passée, une grève aurait moins de poids.

Durant la semaine de grève, la reconduction du mouvement s'était décidée chaque jour avec l'assentiment de tous. Les portes ayant été soudées, on avait pu voir les chefs plantés sur un bout de trottoir recevoir les non-grévistes et distribuer leurs instructions aux ingénieurs, qui n'ont pas réussi pour autant à faire partir des bateaux.

La CGT avait discuté avec les représentants des socioprofessionnels pour l'instauration d'un service minimum avec la Corse. Des grévistes y étaient opposés, d'autant plus que ces représentants des socioprofessionnels, des patrons, se sont illustrés par leurs attaques virulentes contre les marins en grève. Il leur est même arrivé, il y a quelques années, de monter à bord faire le coup de poing. C'est dire que la méfiance à leur égard est des plus justifiée.

Finalement deux navires avec des équipages de grévistes ont assuré la liaison l'un avec Bastia, l'autre avec Ajaccio, à partir de jeudi soir.

Un groupe de grévistes est allé bloquer le port de Nice pour empêcher la navigation des bateaux de la société concurrente Corsica Ferries. Le vendredi c'était toute une flottille de chaloupes qui formaient une chaîne à l'entrée du port, sous le regard de la foule sur les quais, déjà noirs de CRS. C'est vers 19 heures que les grévistes repartirent sur Marseille.

La reprise s'est faite dans la bonne humeur. Tout le monde pense qu'il faudra bien sûr remettre cela, mais qu'on a fait reculer l'Assemblée corse.