Hispano est un équipementier de l'aéronautique spécialisé dans les boîtiers d'engrenage et qui dépend du groupe Snecma. L'usine se trouve aujourd'hui à Colombes dans d'anciens locaux de la Snecma Gennevilliers.

En 1992, Hispano, alors située à Bois-Colombes (92), licenciait 85 travailleurs suite à un plan dit " social ". Ces licenciements avaient été annoncés comme devant s'accompagner de mesures de reclassement dans le groupe où ailleurs. Il n'en fut rien. La plupart des licenciés se retrouvèrent à la rue avec comme seules perspectives des petits boulots, des missions d'intérim ou plus souvent le chômage.

La direction s'était également engagée à l'époque à accorder " une priorité de réemploi en cas de reprise de l'activité de l'entreprise ". Or, depuis plusieurs semaines maintenant, une soixantaine d'embauches sont annoncées.

En apprenant que l'usine s'apprêtait à recruter, une dizaine d'anciens licenciés ont formé un " collectif " pour exiger leur réembauche. Le collectif est intervenu à plusieurs reprises devant l'usine pour diffuser des tracts, faire connaître son existence et obtenir de la direction un rendez-vous pour déposer les candidatures.

A deux reprises le directeur de l'usine a reçu le collectif. Lors du second rendez-vous, le 25 avril dernier, il a réceptionné les dossiers de candidatures mais a refusé de s'engager sur quoi que ce soit, suggérant même aux licenciés " de rester ouverts vers l'extérieur ". Il reconnaissait qu'il y avait une reprise, mais visiblement pas pour les anciens d'Hispano puisqu'il n'y a toujours pas de réponse à ce jour. Il faut dire que, lors du second rendez-vous, le directeur a eu le culot d'insinuer qu'à un certain âge, on n'était plus aussi " compétitif ".

Le collectif est bien décidé à continuer son action. Le mardi 16 mai, un débrayage à eu lieu à l'appel des syndicats à Hispano Colombes et à Hispano Bezons pour porter des pétitions exigeant la réembauche des licenciés. Ces débrayages ont été largement suivis. Des diffusions de tracts ont aussi eu lieu à la Snecma Gennevilliers, où l'accueil à été chaleureux.

Le collectif est d'autant plus déterminé à obtenir satisfaction que le DRH de l'époque, celui-là même qui s'était engagé à la priorité de réemploi, est aujourd'hui devenu le numéro 1 des Ressources Humaines de tout le groupe Snecma Moteurs. Il est donc bien placé pour respecter les engagements pris à l'époque, et ce d'autant plus que la Snecma va procéder de son côté à mille embauches.

La direction d'Hispano pensait sans doute qu'elle pouvait écrire ce qu'elle voulait en 1992 pour faire passer ses mauvais coups. Elle s'est trompée. Les licenciés n'ont pas oublié ses promesses de réembauche. Et ils sont bien décidés à lui rafraîchir la mémoire.