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Leur société
De plus en plus de personnes surendettées
Créées en 1989 pour liquider rapidement des situations de surendettement que l'on jugeait, à l'époque, momentanées, les commissions départementales de surendettement sont confrontées, 10 ans plus tard, à un afflux de plus en plus important de demandes. Plus de 140 000 dossiers ont été déposés l'an dernier. Et déjà près de 33 000 en janvier, février 2000. Chaque année, un nouveau " record " est battu. Au point que l'on approche du million de cas traités en 10 ans.
En fait, ces commissions ne suppriment quasiment jamais les dettes de ceux qui viennent les solliciter. Elles se limitent à établir pour elles un budget draconien qui fixe de manière précise ce qu'on appelle un " reste à vivre ", c'est-à-dire la part de leurs revenus que les familles pourront utiliser pour vivre, tout en réduisant progressivement leur dette. Ce reste à vivre descend souvent jusqu'au niveau du RMI. C'est une sorte de mise sous tutelle.
Mais souvent les revenus des familles endettées ne sont même pas suffisants. Les commissions peuvent alors décréter un moratoire, c'est-à-dire convaincre les prêteurs d'attendre un peu que la situation s'améliore pour revenir à la charge.
Devant l'afflux de demandes, l'attente pour obtenir ce moratoire s'allonge. Le nombre de dossiers en retard - pour ne pas dire en souffrance - est passé de 50 000 à 75 000 en un an.
Le chiffre du surendettement est parmi les indicateurs du développement actuel de la misère. Au moment où on nous explique qu'avec la reprise économique et la nouvelle économie, le chômage ne peut que baisser (certains disent même qu'on va vers le plein-emploi) on constate qu'en fait une part de plus en plus importante de la population reste ou sombre dans la misère.