Dassault mesure toujours chichement ce qu'il est prêt à débourser pour tenter d'écourter le conflit sur les salaires qui tient depuis plus de onze semaines.

Il n'empêche qu'il a dû, à plusieurs reprises, revenir sur les affirmations de la direction générale qui s'engageait à ne rien lâcher. Le 9 mai, Dassault a rajouté 100 F de plus par mois pour toutes les catégories n'ayant pas été augmentées, ainsi qu'un jour de congé supplémentaire dans le cadre de la RTT, et le paiement des heures de débrayage d'avril... si le travail reprend.

Au total, cela ferait donc 1 150 F de plus par mois pour les jeunes embauchés de moins de 30 ans, ayant moins de cinq ans d'ancienneté. Pour toute la filière atelier, il y aurait 1 % plus 150 F ; pour les autres catégories, 1 % plus 100 F. Pour tous les non-cadres s'ajouteraient 100 F payés par Dassault pour le financement des mutuelles. Il y aurait enfin trois jours de congés supplémentaires au titre de la RTT, dont deux dès cette année pour tous.

Mais il demeure que le conflit avait été engagé dès le 24 février essentiellement sur la base des 1 500 F pour tous et qu'on est loin du compte et pas forcément prêts à arrêter notre mouvement.

Un nouveau vote à bulletin secret a été décidé par la CGT et la CFDT au niveau de la société pour le mercredi 10 mai. Rappelons que le précédent vote du 28 avril avait décidé de la poursuite du mouvement.

En tout cas, Dassault et sa direction voudraient bien que le travail reprenne. Interrogé il y a quelques jours sur FR3, Dassault affichait un mépris naturel pour les grévistes, s'étonnait que nous réclamions notre dû, mais il ne niait pourtant pas avoir les moyens de payer. Il s'indignait surtout à être le seul à avoir une telle grève sur les bras : " Pourquoi pas Lagardère ?" disait-il. Lagardère, comme Dassault, comme tant d'autres possédants a certainement de quoi payer. Mais ils sont solidaires pour éviter de le faire et ils s'épaulent pour qu'aucun d'entre eux ne plie isolément. Aucun ne veut qu'une démonstration de force ne soit le début d'une offensive commune.

Alors notre action qui contraint malgré tout Dassault à mettre un peu la main à la poche n'a que trop duré pour tout le gratin patronal.

Il n'est pas sûr qu'elle soit terminée pour les travailleurs de Dassault.