Mise en cause de Trichet dans l'affaire du Crédit Lyonnais : La justice enquête... mais pas sur les bénéficiaires05/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1660.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Mise en cause de Trichet dans l'affaire du Crédit Lyonnais : La justice enquête... mais pas sur les bénéficiaires

L'actuel gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet, vient d'être mis en examen dans le cadre de l'affaire du Crédit Lyonnais. Sept ans après les faits, la justice lui demande des comptes pour " diffusion de fausses informations et publication de comptes inexacts ". En effet, en tant que directeur du Trésor de 1987 à 1993 et représentant de l'Etat actionnaire à la tête de l'établissement bancaire, Trichet aurait minimisé l'ampleur des pertes du Crédit Lyonnais en 1992. Or de plan de sauvetage en plan de redressement, les pertes cumulées du Crédit, liées notamment à ses engagements dans l'immobilier, ont coûté autour de 180 milliards de francs à l'Etat qui a effacé l'ardoise. Il faut tout même rappeler qu'à la même époque, le gouvernement mettait en avant un chiffre équivalent pour qualifier d'" insupportable " le déficit de la protection sociale !

Quant aux milliards que le Crédit Lyonnais a largement distribués sous forme de crédits, ils n'ont pas été perdus pour tout le monde, à commencer par les Bouygue et autres magnats de la construction. De même qu'aujourd'hui, les actionnaires de la banque en cours de privatisation empochent les dividendes de sa remise à flots par l'Etat. Mais c'est d'une part aux contribuables, d'autre part au personnel dont les effectifs et les conditions de travail se sont détériorés, que le gouvernement a choisi de présenter l'addition.

Certains commentateurs ont présenté Trichet comme une victime expiatoire, d'autres laissent entendre que cette mise en cause compromettrait son avenir, notamment comme président de la Banque européenne. Le fait est que Trichet est tout sauf un pauvre lampiste, et qu'il pourra toujours compter sur ses relations dans le monde des affaires comme au plus haut niveau de l'appareil d'Etat pour poursuivre une juteuse carrière.

Reste que la justice se garde bien d'inquiéter les véritables bénéficiaires des milliards dilapidés par les dirigeants du Crédit Lyonnais, pas plus qu'elle ne demande des comptes aux gouvernants qui non seulement savaient mais ont couvert toutes ces magouilles.

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