Assurance chômage : Le chantage inadmissible du patronat05/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1660.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Assurance chômage : Le chantage inadmissible du patronat

A l'heure où patronat et syndicats doivent engager les négociations sur l'avenir de l'assurance chômage, le gouvernement a annoncé que le chômage avait encore diminué. Selon les statistiques officielles, on reste tout de même au-dessus de 2,5 millions de demandeurs d'emploi, chiffre auquel il conviendrait d'ajouter tous ceux qui ne sont pas pris en compte.

Dans le cadre des négociations actuelles sur le renouvellement de la convention Unedic, qui doit intervenir d'ici le 30 juin, les porte-parole du MEDEF n'ont pas caché la volonté du patronat de renforcer son contrôle sur l'indemnisation et le placement des chômeurs. Il voudrait notamment conditionner le versement de l'allocation au non-refus d'un stage ou un emploi. Cette mesure permettrait aux patrons de pouvoir imposer aux chômeurs n'importe quel emploi, n'importe où et à n'importe quel salaire, pourvu qu'il soit le plus bas possible. Ce qui, par ricochet, entraînerait une pression à la baisse sur tous les salaires.

Pourtant, c'est l'amélioration du système d'assurance-chômage qui devrait être à l'ordre du jour, car dans l'état actuel, 60 % des chômeurs ne sont pas pris en compte et deux millions de personnes en sont réduites à essayer de survivre avec les minima sociaux. Quant à ceux qui relèvent du régime général, ils voient rapidement fondre leurs indemnités avec le calcul dégressif des allocations.

Il serait possible dès maintenant d'améliorer l'indemnisation des chômeurs. L'UNEDIC, qui prévoit 6,4 milliards d'excédent en 2000 et 14 milliards en 2001, a calculé par exemple qu'il n'en coûterait que 11,3 milliards pour revenir complètement sur le système de l'allocation dégressive. De même, alors qu'actuellement il faut avoir travaillé au minimum quatre mois au cours des huit derniers mois pour prétendre à l'allocation-chômage, il n'en coûterait que 420 millions par an d'allonger cette période de référence jusqu'à dix-huit mois. Dans l'hypothèse où la prise en charge interviendrait à partir de trois mois d'activité, 170 000 chômeurs supplémentaires pourraient être indemnisés. Et il n'en coûterait que 2,8 milliards de francs par an.

On pourrait multiplier les exemples qui prouvent que l'amélioration du système d'indemnisation relève avant tout de choix politiques. Les choix du patronat sont de profiter du chômage persistant pour accroître la pression sur les chômeurs et l'ensemble de la classe ouvrière. Le gouvernement laisse faire quand il n'accompagne pas cette offensive contre le monde du travail laissant des millions de chômeurs s'enfoncer peu à peu dans la misère.

Au-delà du problème de l'indemnisation, il faudrait surtout s'attaquer aux causes du chômage. Or le gouvernement laisse les mains libres au patronat pour licencier, même dans les entreprises qui affichent d'importants bénéfices. L'Etat lui-même, loin de combattre le chômage, y contribue en réduisant les emplois dans les services publics ou en refusant d'embaucher le personnel nécessaire dans les hôpitaux, dans l'enseignement ou dans les transports.

Tout cela, parce que ce gouvernement, comme ses prédécesseurs, préfère consacrer des milliards en subventions et exonérations de toutes sortes pour le patronat, plutôt que de consacrer l'argent de l'Etat à créer des emplois utiles à la collectivité.

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