La réunion du Fonds Monétaire International (FMI) des 15 et 16 avril à Washington a été l'occasion de manifestations contre le développement de la pauvreté sur la planète. Certaines personnalités, dont Laurent Fabius, le représentant français, n'ont même pas pu accéder à la salle de réunion. D'une seule voix, Fabius et les autres ont expliqué qu'il était aberrant d'essayer de les empêcher de se réunir puisque justement leur but est de tenter de réduire les inégalités entre les pays.

Mais les chiffres effroyables qui mesurent la pauvreté dans les pays sous-développés montrent bien que le FMI sert au contraire d'instrument aux pays riches pour exploiter et piller les quelques ressources des pays pauvres.

Sur 6 milliards d'habitants sur la planète, près de la moitié vit avec moins de 12 F par jour (dont 1,2 milliard avec moins de 6 F par jour). Cette moitié de l'humanité ne peut disposer que de 6 % de la richesse mondiale, alors qu'à l'autre bout de l'échelle, un milliard d'hommes monopolisent 80 % des richesses mondiales. Et si l'extrême pauvreté recule un peu dans certains pays comme la Chine - sûrement pas grâce au FMI - elle s'étend au contraire en Afrique noire, en Amérique du Sud ou en Asie du Sud-Est, où de nombreux pays sont pris en étau entre le remboursement impossible de leur dette et les cours des matières premières qui ne cessent de baisser.

Les instances mondiales discutent aujourd'hui de diminuer, voire de supprimer une partie de la dette (il faut dire que les pays pauvres l'ont de fait remboursée, parfois plusieurs fois, rien qu'avec les intérêts). Mais pour cette réduction elles évoquent le chiffre de 200 milliards de dollars, alors que l'endettement des pays du Tiers Monde atteint 2 000 milliards de dollars !

Les dirigeants du FMI et de la Banque Mondiale, c'est-à-dire les dirigeants des grands pays développés, comme Laurent Fabius pour le gouvernement français, tiennent un discours hypocrite sur la misère des pays du Tiers Monde, mais c'est leur politique qui enfonce directement ces pays dans la pauvreté.