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Dans le monde
Cinq cents ans après la " découverte " du Brésil
Le Brésil a été découvert par l'amiral portugais Pedro Alvares Cabral, le 22 avril 1500. Parti avec treize navires et 1 500 hommes mettre à la raison, à coups de bombardes, la ville indienne de Calicut qui avait eu l'audace de refuser de troquer des épices avec Vasco de Gama, il aborda, probablement par hasard, près de l'actuelle ville de Porto Seguro, entre Bahia et Rio.
C'est cette découverte, au cours d'une expédition à la fois commerciale et punitive, que commémorait le 22 avril dernier, à Porto Seguro, une cérémonie présidée par les présidents brésilien et portugais. Mais elle a dû se dérouler au milieu d'un déploiement de forces policières et militaires, car le comité " Brésil, autres 500 ans ", regroupant les organisations des Indiens, des Noirs et des sans-terre, avait décidé de troubler la fête et de protester contre le massacre des Indiens et les injustices sociales, en particulier contre les Noirs et les paysans sans terre.
Le président brésilien Cardoso a proclamé fièrement : " Aucun désordre n'est capable de menacer l'autorité d'un président démocratiquement élu ", mais il a néanmoins préféré quitter rapidement les lieux.
Quant à la police, elle a chargé une marche pacifique des Indiens, à Santa Cruz de Cabralia, pendant les festivités du 22 avril. La répression a été si scandaleuse que le président de la FUNAI, la Fondation nationale de l'Indien, organisme officiel dépendant du ministre de la Justice, a présenté sa démission.
Car il est vrai que la colonisation du Brésil s'est traduite par un long génocide contre les Indiens. Autour de cinq millions à l'arrivée de Cabral, répartis entre un millier de peuples, ils ne sont plus que 300 000, répartis en 200 peuples. Ils ont failli disparaître dans les années 1950, où ils n'étaient plus que 50 000. Ils sont aujourd'hui encore victimes des épidémies, de la malnutrition, des suicides et des massacres. Car les grands propriétaires continuent à les exterminer pour s'emparer des terres de leurs réserves.
Les Noirs et Métis (un quart des Brésiliens) descendent des millions d'esclaves importés d'Afrique pour travailler dans les plantations et les mines. Eux aussi protestent contre les massacres et l'exploitation. Depuis quelques années ils sont nombreux à fêter le 20 novembre, journée des Noirs, en souvenir de Zumbi, le héros du quilombo de Palmares, la plus importante république d'esclaves fugitifs, écrasée en 1695. L'esclavage a été aboli en 1888, mais Noirs et Métis représentent toujours la partie la plus pauvre et la plus exploitée des travailleurs brésiliens.
Quant aux paysans sans terre, dans un pays où 2 % des exploitations accaparent 60 % des terres cultivables, leurs luttes sont incessantes. La répression armée des grands propriétaires, soutenus par la police et tout l'appareil d'Etat, fait parmi eux plusieurs centaines de morts chaque année.
Cette protestation des exclus et des opprimés, à l'occasion du cinq centième anniversaire de la colonisation, a de fait de quoi ne pas plaire à la classe dominante. Car si la révolte des Indiens, Noirs et sans-terre rencontrait une révolte organisée de la classe ouvrière des villes et des campagnes, dont font partie bien des descendants de Noirs et d'Indiens, cela pourrait être le début de la fin pour l'exploitation bourgeoise et impérialiste au Brésil.