Verrerie Cristallerie d'Arques (Pas-de-Calais) : Plus de 400 ouvriers manifestent14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Verrerie Cristallerie d'Arques (Pas-de-Calais) : Plus de 400 ouvriers manifestent

Samedi 8 avril, à l'appel des syndicats CGT, CFDT et FO de l'entreprise, plus de 400 ouvriers ont manifesté dans l'avenue principale de la ville d'Arques qui longe les bâtiments et les fours de la VCA (Verrerie Cristallerie d'Arques).

C'est la première fois depuis 1937 qu'un tel événement se produit. Même en 1968, on n'avait pas vu ça.

La VCA est la première entreprise privée du Pas-de-Calais, avec plus de 10 000 salariés. La famille Durand qui la possède fait partie du hit-parade des grandes fortunes. Ces milliardaires font régner dans l'entreprise une ambiance de crainte, de pressions permanentes, avec une forte dose de paternalisme.

Mais depuis quelques mois, l'ambiance a changé. Le mécontentement se manifeste dans les discussions par rapport à l'aggravation des conditions de travail, au blocage des salaires, aux départs non remplacés. Et les discussions pour l'application des 35 heures dans l'usine cristallisent ce mécontentement.

Le 14 mars, pour la première fois, la CGT de l'entreprise a appelé à une réunion publique dans la ville d'Arques qui a rassemblé près de 300 travailleurs de l'usine. Le syndicat CGT, de même que la CFDT et FO, revendique la 5e équipe sans perte de salaire et avec des embauches.

Le personnel posté, qui représente plusieurs milliers de travailleurs, a un cycle de 4 équipes sur la base de 39 heures. Notre horaire est : un matin, un après-midi, une nuit, un repos, etc. C'est un rythme crevant, surtout quand on se retrouve autour des machines avec le bruit et la chaleur ou en bout d'arches, face aux tapis, debout en permanence avec des cadences toujours plus rapides pour ramasser les verres ou les assiettes.

Les syndicats revendiquent 5 équipes, avec un horaire de 2 matins, 2 après-midi, 2 nuits, et 4 repos, soit 33 h 36, sans perte de salaire. La direction s'y oppose farouchement et propose un cycle toujours en 4 équipes du style : 2 matins, 3 après-midi, 2 nuits, 2 repos, etc., soit 7 jours de travail d'affilée !

Pourtant la direction a annoncé publiquement - c'est une première - les bénéfices de 1999 : 603 millions de francs. Bien entendu, elle déclare que ces sommes sont réinvesties dans l'entreprise. Mais depuis des dizaines d'années ce sont des milliards de francs de profits qui ont été accumulés. Alors c'est sur ces profits que la direction doit prendre pour financer la cinquième équipe.

Pour contrer les syndicats, la direction a produit une cassette vidéo et convoque le personnel pour assister à des projections. Les présents et absents sont pointés. Les chefs et les cadres ne cessent de faire la propagande du patron en disant que la cinquième équipe ce n'est pas possible, ou alors avec une grosse perte de salaire ! La direction s'appuie aussi sur le syndicat autonome, pro-patronal, qui recueille encore 60 % de voix aux élections, et qui prône l'inaction.

Elle n'hésite pas à faire le chantage aux licenciements en menaçant de supprimer 15 % de la production et 15 % des emplois en cas d'augmentation des coûts salariaux. La veille de la manifestation, la direction a diffusé un tract disant que " la machine infernale va se mettre en marche... la manifestation est un piège ".

Malgré toutes ces pressions, des centaines de travailleurs sont descendus dans la rue, alors que toutes les grilles des différents ateliers étaient fermées... et que le personnel travaillant ce samedi n'avait pas le droit de sortir des bâtiments pour regarder passer le défilé.

Ça bouge à la VCA et la peur commence à changer de camp.

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