UniLever : Profits et licenciements à la pelle14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

UniLever : Profits et licenciements à la pelle

Unilever est un trust immensément riche. En 1999, il a engrangé 27 milliards de francs de profits, soit l'équivalent des salaires annuels de 225 000 ouvriers ! Mais cela ne suffit pas aux actionnaires. Dans cinq ans, le Conseil d'administration veut 15 % de " marge opérationnelle " (c'est-à-dire de profit) contre 11 % actuellement. Alors Unilever a décidé de supprimer 25 000 emplois dans le monde, quelles qu'en soient les conséquences sociales, en abandonnant des fabrications, en fermant des usines, en en vendant d'autres, etc.

L'usine de fabrication de poudre à lessive d'Haubourdin (435 salariés), près de Lille, et l'entreprise qui produit notamment la mayonnaise Bénédicta (192 salariés) à Seclin, Pont-de-Briques et Rueil-Malmaison, sont deux des nombreuses entreprises que Lever veut fermer ou revendre.

L'annonce de la mise en vente de Bénédicta date de quelques semaines. Mais Unilever ne compte pas tout revendre, il conserverait le produit le mieux positionné sur le marché, la mayonnaise " Gourmande " (fraîche), et pour les autres produits, il n'autoriserait le repreneur éventuel à n'utiliser que des recettes ou formules chimiques minimales, probablement bien moins performantes que celles utilisées actuellement.

Pour Lever-Haubourdin, malgré les 130 millions de bénéfices réalisés encore en 1999 par Lever France, la direction prévoit le licenciement de l'ensemble du personnel pour la fin de l'année 2000, avec possibilité d'un repreneur espagnol, Bilore, pour 230 emplois environ et des propositions de reclassement en France pour une centaine d'autres.

Là aussi, Bilore pourrait jouer le rôle de société intermédiaire pour décharger Unilever de toute une partie des licenciements et aussi les rendre moins coûteux pour les patrons. Si Bilore arrivait à imposer des salaires plus faibles et remettait l'ancienneté à zéro, il pourrait faire des profits quelques années avec des salariés au SMIC, puis licencier avec des indemnités bien plus faibles que celles que devrait payer aujourd'hui Unilever.

Et de toute façon, comment croire un seul mot de ce que dit la direction de Lever ? Alors que la direction avait décidé, au moins depuis janvier 2000, de fermer l'entreprise, elle a continué le cirque de la négociation du passage des 32 heures de Robien aux 35 heures Aubry, jusqu'à amener la CGT à signer son projet d'accord, contre l'avis d'une grande partie du personnel, deux jours avant l'annonce de la fermeture.

Les assemblées du personnel par équipes ont toutes largement voté le principe de ne pas se laisser faire et de se préparer à la lutte, non pas en s'enfermant dans l'entreprise, mais en sortant pour faire pression sur le patronat et les autorités politiques.

À défaut d'avoir le rapport des forces pour contraindre Unilever à revenir sur ses projets, les salariés de Bénédicta et de Lever sont décidés à se battre pour faire payer le plus cher possible leur licenciement à Unilever, à obtenir des garanties de maintien des emplois et du niveau de revenus par les éventuels repreneurs, pour éviter de se retrouver au chômage dans les pires conditions, alors que son niveau reste catastrophique malgré les déclarations optimistes du gouvernement.

Dans l'agglomération Lille-Roubaix- Tourcoing, les salariés d'Alstom à Lys-lez-Lannoy et Case-Poclain à Croix sont dans une situation semblable. D'autres luttes ont lieu, notamment contre l'application des 35 heures défavorable aux salariés. Toutes ces luttes ont des objectifs immédiats qui peuvent paraître différents mais devraient pouvoir se rejoindre et ainsi se renforcer mutuellement.

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