Tunisie : Une indépendance que le peuple tunisien dut arracher14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : Une indépendance que le peuple tunisien dut arracher

En Tunisie, la résistance à l'oppression du colonialisme français commença très tôt, et à chaque fois la réponse fut la répression. Mais dans les années trente, l'agitation contre l'oppression française prit un nouvel élan. En avril 1938, par exemple, 80 000 Tunisiens manifestèrent après l'arrestation des chefs du parti de Bourguiba ; il y eut 122 morts !

À partir des années cinquante, alors que Bourguiba cherchait à obtenir l'indépendance par un compromis avec la France, les multiples gouvernements de la République n'entendaient pas du tout donner à la Tunisie même une quelconque autonomie : ils continuèrent la même politique de répression lorsque la résistance anticolonialiste, elle, se développa. Elle fut marquée notamment par la grève générale de décembre 1951 à l'appel de la centrale syndicale UGTT. La répression se déchaîna alors, marquée par l'épisode des ratissages du cap Bon en janvier-février 1952. Un mouvement de résistance armée se développa alors, notamment dans les régions du sud de la Tunisie, où la population vivait dans des conditions particulièrement misérables.

Un certain Souryris, capitaine de l'armée française, évoquait ainsi le mouvement de révolte des fellaghas, nom donné à ceux qui combattaient le colonialisme français, au départ le nom traditionnel donné aux bandits d'honneur : " 2000 hommes en septembre 1953, 3 000 hommes en novembre. Mais à la fin du mois de juillet 1954, les bandes du Sahel et de Bizerte et surtout les bandes du sud et du centre occupaient la majeure partie du pays ".

La répression culmina durant les années 1952- 1953. Les dirigeants nationalistes furent envoyés dans des camps de concentration dans le sud-tunisien ; arrestations, ratissages et exécutions sommaires se succédèrent. Bourguiba lui-même fut arrêté à plusieurs reprises et mis en résidence surveillée. En 1954, l'impérialisme français qui venait de subir un échec cuisant en Indochine s'engagea finalement dans une négociation avec Bourguiba, pour accorder l'indépendance en 1956. Les affrontements avec la France ne cessèrent pas pour autant, comme en témoigne l'épisode de Bizerte, une base navale que l'armée française refusait d'évacuer. Les affrontements avec l'armée française entraînèrent alors, en 1961, la mort de milliers de Tunisiens.

Contrairement à ce que la presse a abondamment répandu ces derniers jours, l'indépendance ne fut pas accordée sans heurts par le gouvernement français de l'époque. C'est bien le peuple tunisien qui dut l'arracher par une lutte acharnée.

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