ST Microelectronics (Grenoble) : Non, à la flexibilité !14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ST Microelectronics (Grenoble) : Non, à la flexibilité !

ST Microelectronics, 30 000 salariés dans le monde, un chiffre d'affaires de 33 milliards de francs en 1999, 3,6 milliards de résultat net, emploie 7 000 salariés en France, dont 3 000 dans l'agglomération grenobloise (à Grenoble et Crolles). Depuis son entrée en Bourse fin 1995, l'action ST, une des valeurs phares du CAC 40, a été multipliée par 20. Tout va bien donc pour cette multinationale de l'électronique, fournisseur de composants nécessaires pour faire fonctionner la "nouvelle économie " (téléphonie mobile, informatique, etc.). Pour couronner le tout, c'est à coup de milliards que cette entreprise franco-italienne reçoit, depuis sa création en 1988, des subventions des États français et italien, mais aussi maltais et singapourien, et qu'elle profite de la main-d'oeuvre bon marché du Maroc, de la Malaisie, de l'Inde et de la Chine.

La cerise sur le gâteau, c'est l'application des 35 heures à la façon Aubry. Nous sommes 2 900 opérateurs en " feu continu ", avec des horaires déjà inférieurs à 35 heures. Craignant par-dessus tout le moindre arrêt de production, la direction nationale, alors que rien ne l'y obligeait, a accordé une semaine de repos supplémentaire, une prime de 4 % convertible en jours de repos et le maintien de sa politique salariale (5 à 6 % d'augmentation en moyenne en 1998 et 1999). Le mécontentement exprimé dans certaines équipes est alors vite retombé.

Par contre, la CGC et la CFTC ont littéralement volé au secours de la direction en signant en catimini l'application du volet dérogatoire à la loi Aubry pour les cadres. Il y a 1 100 cadres sur 1 500 travailleurs à Grenoble et beaucoup sont des ingénieurs faisant uniquement un travail technique. Les techniciens risquent aussi d'être concernés par ces mesures, car ils entrent dans la catégorie " cadres " par incitation de la direction et aussi au niveau conventionnel par l'UIMM. Nous allons donc perdre toute référence horaire pour un travail à la tâche vaguement limité à 44 heures par semaine, mais sans moyen de comptage... Cette signature a été obtenue malgré la mobilisation sur les différents sites. À Grenoble, trois rassemblements et débrayages d'une heure ont eu lieu, suivis par 300 à 400 ingénieurs et techniciens ; au Rousset près de Marseille, une heure de débrayage a été suivie par 150 personnes, et 70 personnes ont débrayé à Crolles malgré la réputation d'usine modèle où personne ne bronche. Nous avons la ferme intention de rester mobilisés malgré la signature de cet accord, pour faire reculer la direction, même si certains d'entre nous se sont résignés.

Il y a deux mois, c'étaient les travailleurs de Schneider Electric de l'agglomération qui étaient en grève contre l'application de la loi Aubry. Une de leurs usines est à 500 mètres de notre site. Ils se sont battus, ont occupé l'usine. Les travailleurs étaient déterminés. Des syndicalistes ont été assignés en justice. Tout cela pour obtenir un petit recul de la direction.

Alors il faudra bien que nous nous donnions les moyens de nous battre tous ensemble, quel que soit le groupe industriel auquel nous appartenons, non pas en tant que travailleurs de tel ou tel groupe, mais en tant que travailleurs ayant à faire face aux mêmes ennemis.

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