SAFT - Bordeaux : Entreprise occupée14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SAFT - Bordeaux : Entreprise occupée

La SAFT de Bordeaux, qui produit des batteries industrielles, est en grève depuis le 30 mars sur l'application des 35 heures. Les travailleurs ont raconté comme suit le mouvement, à un de nos camarades :

"Depuis des semaines que la négociation sur les 35 heures à la SAFT était engagée, et notamment à Bordeaux où nous sommes 520 salariés avec de nombreux intérimaires, la direction ne discutait que de broutilles face à ce que nous revendiquions sur l'ensemble des sites de Poitiers, Nersac, Tours et Bordeaux :

- la création de 200 emplois sur l'ensemble des 4 sites ;

- 20 jours de congés compensatoires ;

- 3% d'augmentation des salaires.

À chaque négociation, nous avions débrayé deux heures, mais la direction faisait la sourde oreille, et nous avons décidé d'en mettre un coup, si pour la réunion qui avait lieu le 29 mars la direction n'accordait rien de plus que 9 jours compensatoires, 82 emplois, 0,4% d'augmentation. De plus, elle exigeait, en préalable, que nous arrêtions nos débrayages pour négocier. Bien mal lui en a pris! ! Au vu des résultats de la négociation du mercredi 29 mars, nous avons décidé à l'assemblée générale du jeudi 30 d'entrer en grève avec occupation des ateliers.

Nous avons aussi occupé le week-end, pour faire pression sur la direction et son "préalable".

Lundi 3 avril la grève a continué, et à 4 h 30 du matin mardi, à la première assemblée générale, nous avons décidé de continuer l'occupation et le blocage général des deux sites de Bordeaux et Nersac, avec piquet de grève.

Malgré les pressions, l'huissier, le refus par la direction d'une visioconférence avec les grévistes, l'ambiance était bonne sur les deux sites : méchoui, musique, feux de bois et la volonté de faire aboutir les revendications ! La grève est reconduite par les assemblées générales quotidiennes réunissant 400 travailleurs. La question "Que faisons-nous demain ?" n'a pas le temps d'être posée que déjà tout le monde lève la main pour voter la continuation.

La direction a aussitôt suspendu son préalable... et proposé une négociation... le lundi 10 avril ! Sans doute pensait-elle en nous lanternant de la sorte nous faire fléchir. Mais là encore, c'était mal mesurer notre mécontentement.

Le lundi 10 avril, la direction nationale de la SAFT proposait 11 jours de congés compensatoires au lieu de 9 initialement. Elle passait de 0,4% d'augmentation des salaires à 1,2% et de 80 embauches à 110. Le 11 avril, elle reculait encore : elle ajoutait 4 jours supplémentaires, proposait 2,4% d'augmentation de salaire avec une prime d'environ 1 600 F, versée aux salariés à l'exclusion des cadres, prise sur la moitié des aides que la SAFT doit recevoir de l'État. Et elle promettait 165 embauches sur deux ans. Le tout sous réserve d'un accord sur la réduction du temps de travail travail avec une séance de négociations prévue pour le 27 avril.

Pour le paiement des jours de grève en revanche la direction ne concédait qu'un étalement des retenues sur six mois.

La majorité des grévistes réunis mardi 11 avril a décidé d'arrêter la grève, 20% étant pour poursuivre. Mais le sentiment général, c'est la fierté d'avoir bien marqué le coup ensemble et l'ambiance a d'ores et déjà bien changé dans l'entreprise. "

Partager