Quand le Medef " s'occupe " des retraites14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Quand le Medef " s'occupe " des retraites

Que leur syndicat s'appelle CNPF ou MEDEF, les grands patrons français n'ont jamais été portés sur les cadeaux aux travailleurs. Et depuis qu'ils ont engagé ce qu'ils appellent pompeusement le chantier de la " refondation sociale ", ils déclinent sur tous les thèmes leur cupidité et leur pingrerie. Foin de ce qui est collectif : selon eux, il faut tout individualiser.

Ainsi, lors de discussions le 5 avril avec les syndicats, les patrons ont exposé comment ils " voyaient " les retraites à l'avenir. Pour eux, d'abord, il faut cesser de fixer un âge légal pour le départ en retraite, et surtout de le fixer à 60 ans. Il faut que chaque salarié soit " libre " de partir quand il le souhaite, en sachant que sa retraite sera calculée en fonction de ses débuts dans la vie active (qui du fait du chômage sont de plus en plus tardifs) et de l'espérance moyenne de vie, qui augmente elle aussi.

Pour une retraite à taux plein, dans ces conditions, il faudrait 41, 42 ou 43 ans de cotisations, ce qui mène bien au-delà de 60 ou même 65 ans. Le représentant du MEDEF précisait : " Si nous avons le plein emploi, on retiendra les gens au travail. Nous préparons un système pour les années où le problème de l'emploi des salariés plus âgés ne se posera plus. " Ce n'est pas de l'optimisme quant à l'avenir, mais un aveu cynique qu'ils veulent aujourd'hui se débarrasser des travailleurs les plus âgés sans pension de retraite entière.

Et quand les syndicats ont évoqué, pour assainir la situation de certaines caisses de retraite complémentaire, une hausse des cotisations employeurs, le MEDEF l'a exclue catégoriquement " pour les dix à vingt ans qui viennent ".

Pour le MEDEF, la retraite des travailleurs c'est quand les patrons le veulent, avec le moins d'argent possible, et à condition sans doute que cet argent soit à leur disposition, grâce à des fonds de pension. Eh bien même si la question n'était pas posée le 5 avril, c'est la retraite des patrons qui devrait être totale, immédiate et en laissant à la société les entreprises et les capitaux dont ils font si mauvais usage.

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