Pour TOTAL, en Birmanie comme en France, l'argent n'a pas d'odeur14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pour TOTAL, en Birmanie comme en France, l'argent n'a pas d'odeur

La diffusion sur Canal Plus d'une enquête sur les activités de Total en Birmanie a permis d'attirer l'attention sur les conditions dans lesquelles la compagnie pétrolière - comme bien d'autres de ses consoeurs - opère dans ce pays et qu'elle a toujours niées. C'est que le régime militaire birman est une dictature féroce qui réprime sauvagement non seulement l'opposition officielle mais aussi les nombreuses minorités ethniques en révolte. Pour se procurer les revenus indispensables à l'entretien de son armée, qui absorbe 60 % du budget de l'État, le régime vend à l'encan les ressources du pays et en particulier le pétrole et le gaz naturel qui représentent l'une des principales sources de revenus.

Tout aux petits soins pour les compagnies pétrolières, l'État birman offre à celles-ci l'appui, ô combien précieux, de l'armée. Celle-ci procède à des rafles parmi les populations villageoises et cette main-d'oeuvre forcée est utilisée, pour le plus grand profit de Total, à la réalisation des travaux d'infrastructure destinés à la construction d'un gazoduc. C'est ainsi que des dizaines de milliers de personnes auraient ainsi été soumises aux travaux forcés, que des villages entiers auraient été détruits sur le trajet du gazoduc, tandis que l'armée omniprésente tout au long de son tracé s'occuperait de mater toute révolte.

Aux États-Unis, voilà déjà des années que le partenaire de Total, Unocal, est poursuivi devant les tribunaux pour violation systématique des droits de l'Homme en Birmanie, utilisation du travail forcé, déplacements de populations, complicité dans la répression exercée par l'armée birmane. Après une première condamnation par la cour fédérale de Los Angeles, la compagnie pétrolière a fait appel. En France, les enquêteurs de Canal Plus ont réussi tout de même à faire avouer pour la première fois un directeur de Total Birmanie. Mais il y a peu de chance que cela oblige Total à faire passer l'intérêt des populations avant ses sacro-saints profits. Car ici Total jouit - comme d'habitude, pourrait-on dire - de l'impunité la plus complète.

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