Hauts-de-Seine : Le ras-le-bol des assistants sociaux14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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Hauts-de-Seine : Le ras-le-bol des assistants sociaux

Depuis les lois de décentralisation de 1983, les Conseils généraux sont en charge d'une grande partie de l'action sociale.

Dans le département des Hauts-de-Seine, les assistants sociaux polyvalents de secteur travaillent en circonscription, chacune généralement délimitée aux contours d'une commune.

Tout comme les travailleurs des autres administrations publiques, les agents des circonscriptions, notamment ceux des communes les plus populaires du département, sont confrontés à de nombreuses difficultés : effectifs insuffisants, postes vacants, congés maladie ou maternité non remplacés, montée de l'emploi précaire (contractuels, CES, CEC), conditions d'accueil du public déplorables, locaux inadaptés, pénurie de matériel, demande du public et demande institutionnelle en augmentation constante sans création de postes.

Et pourtant, faut-il le rappeler, le Conseil général des Hauts-de-Seine est le plus riche de France, avec un budget avoisinant celui d'un État comme la Grèce.

Les lenteurs administratives et le manque de disponibilité pour résoudre les situations complexes rendent hypothétique la mise en oeuvre de droits parmi les plus élémentaires.

À ces difficultés, vient s'ajouter un profond sentiment d'impuissance devant la situation de beaucoup d'usagers.

Les barêmes de ressources pour la mise en oeuvre des dispositifs d'aide sont très bas et avoisinent souvent les minima sociaux (RMI, Allocation Spécifique de Solidarité).

La pénurie de logements ou plus exactement les faibles ressources des familles et les conditions posées par les bailleurs, y compris ceux dits sociaux, restreignent les possibilités d'accès au logement.

Des familles survivent, parfois depuis des années, dans des hôtels insalubres et pour des loyers exorbitants, en partie aux frais du Conseil général. L'argent public sert ainsi au financement de marchands de sommeil.

La Couverture Maladie Universelle instaurée dans des conditions scandaleuses, au plus grand mépris des usagers et des agents chargés de sa mise en oeuvre, se traduit concrètement par un recul des conditions d'accès aux soins pour les plus démunis.

Sans parler des blocages purement administratifs, les barêmes sont, dans un département comme les Hauts-de-Seine, plus bas que ceux anciennement appliqués pour l'Aide Médicale (3500 F pour une personne seule et 5250 F pour un couple au lieu de, respectivement, 4003 F et 6005 F). Les personnes percevant une Allocation Adulte Handicapé ou le Minimum Vieillesse ont ainsi perdu leur couverture médicale gratuite, ils gagnent " trop " pour avoir droit à la CMU.

Une pression croissante s'exerce sur nous en vue d'imposer la signature d'un "contrat d'insertion" aux bénéficiaires du RMI. À défaut de réelles perspectives d'amélioration de leur vie et en l'absence d'un acompagnement social qui serait parfois nécessaire, nous percevons cette demande comme une hypocrisie, voire un danger. Danger de donner prétexte à de futures radiations mais aussi danger d'imposer aux personnes certaines orientations, en particulier vers des emplois précaires et peu (ou pas) rémunérés.

Nous sommes confrontés à des situations face auxquelles il est impossible de savoir quelle est la meilleure alternative. Ainsi, faute de trouver un hébergement, même précaire, une collègue a dû récemment se résoudre à demander le placement d'un enfant d'une famille expulsée. Elle a dû choisir entre séparer ces enfants de leurs parents ou laisser toute la famille sans abri. Pendant ce temps Martine Aubry peut parader devant les caméras et déclarer intolérable que certains placements d'enfants "soient motivés pour des raisons purement économiques". C'est odieux.

Le manque de moyens et de disponibilité rend l'accueil déplorable. Cela génère des incompréhensions et de l'agressivité chez les usagers, aggravant encore, si besoin en était, les conditions de travail.

La conséquence de ces conditions de travail éprouvantes est le départ de nombreuses collègues. Les jeunes professionnelles se retrouvent par endroits majoritaires et peuvent difficilement profiter de l'expérience des plus anciennes.

Alors le mécontentement monte, et les discussions sur l'éventualité d'une action se multiplient. Nos collègues du département voisin des Yvelines, qui rencontrent des difficultés similaires, ont été en grève du 28 au 31 mars. l'idée se répand de suivre leur exemple...

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