Grèce - Élections législatives : Le PASOK a failli ne pas passer14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce - Élections législatives : Le PASOK a failli ne pas passer

Il a fallu aller jusqu'au terme du dépouillement pour savoir qui, de la Nouvelle Démocratie (droite) ou du PASOK (Mouvement socialiste pan-hellénique), que dirige Costas Simitis, majorité sortante, remporterait les élections législatives grecques. Le PASOK a obtenu 43,7 % des suffrages contre 42,7 % à la droite conduite par Costas Caramanlis, qui réalise le meilleur score obtenu par celle-ci depuis cinq ans.

Le système électoral en Grèce est celui dit de la " proportionnelle renforcée ", une proportionnelle qui aboutit au même résultat que bien d'autres systèmes de scrutin, en renforçant le nombre des sièges de celui qui l'emporte, même d'un petit point de différence.

Dans la majorité précédente, le PASOK, au gouvernement depuis vingt ans (avec une parenthèse de trois ans de la droite), disposait de 160 des 300 sièges de la Vouli (le Parlement) contre 103 à la droite. Il devrait en conserver 157 contre 126.

Par ailleurs, même si la vie politique grecque se polarise sur ces deux formations, quelques sièges vont à des petits partis de gauche : le Parti Communiste (KKE), dirigé par une femme, Aléka Papariga, obtiendrait 11 députés avec 5 % des suffrages ; le Synaspismos (coalition de gauche et de progrès, qui compte d'anciens militants du KKE) dépasserait les 3 % et obtiendrait six députés. En revanche, le DIKKI (Mouvement démocratique et social, fondé par des anciens du PASOK critiquant son évolution actuelle) n'aurait plus de représentants au Parlement.

Le Premier ministre socialiste sortant, Costas Simitis, avait décidé d'avancer de cinq mois les élections pour profiter des effets de sa politique économique, bonne pour les couches possédantes mais moins bonne pour les travailleurs. Elle entend en effet permettre à la Grèce, le pays actuellement le plus pauvre de l'Union européenne, d'intégrer à son tour la zone euro.

Il a bien failli perdre ce pari, car la droite a progressé au point de conforter la position de Costas Caramanlis à la tête du parti de la Nouvelle Démocratie (c'est le neveu de feu le président Constantin Caramanlis revenu en 1974 après la chute des Colonels).

Cette progression va donc peser sur la politique du prochain gouvernement socialiste, la droite ne s'est pas privée de le dire : " La Nouvelle Démocratie a enregistré un impressionnant élargissement des forces sociales qui la soutiennent, il est clair que le gouvernement ne peut pas avancer sans notre consentement ".

Le PASOK a donc failli payer politiquement les quatre années d'austérité qu'il vient d'infliger à la population laborieuse : l'incurie des services publics, notamment les hôpitaux, et un chômage passé de 8 à 10 %, mais dont tout le monde dit qu'il est bien supérieur au point que de jeunes diplômés ne trouvent que des petits boulots.

En Grèce comme ailleurs, il est beaucoup question de " modernisation ". Le gouvernement socialiste a tout fait pour intégrer un peu plus l'économie grecque à l'économie mondiale et à sa spéculation financière. Cela se traduit par l'enrichissement de la bourgeoisie et d'une partie de la petite bourgeoisie tandis que s'accroît la paupérisation des classes pauvres. Le PASOK est désormais perçu par beaucoup comme le parti des hommes d'affaires, des nouveaux riches, des professions libérales et du show-business.

Pour l'emporter, Simitis s'est donc employé à rassurer l'électorat de gauche : " Je suis en faveur d'un Etat-providence, d'une société à visage humain pour l'emploi, pour un développement équilibré du pays et pour de nouvelles opportunités pour les jeunes ". Le PASOK prétend maintenant " appliquer les réformes sociales demandées par le corps électoral ".

Mais tiendra-t-il ses promesses ? Certainement pas ; et les travailleurs grecs ont intérêt à rester vigilants. De nouvelles privatisations sont dans l'air. Et surtout, le nouveau gouvernement grec a dans ses cartons plusieurs projets de réformes : l'administration, l'éducation et la santé ; de prétendues réformes qui devraient se traduire par la remise en cause d'avantages que les travailleurs grecs ont pu difficilement arracher dans le passé et qu'il leur faudra chercher à préserver.

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