" Erika " : Naufrage virtuel et responsabilité réelle14/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1657.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

" Erika " : Naufrage virtuel et responsabilité réelle

Le Rina, l'organisme italien qui avait certifié la navigabilité de l'Erika, vient de publier un rapport affirmant que le naufrage du navire est dû à une fissure de la coque, sous la ligne de flottaison, qui serait apparue dix-huit heures avant le sinistre, et qui aurait été aggravée par l'allure excessive du bateau. La responsabilité du désastre serait donc due en partie au capitaine, et pas, ou moins, au Rina lui-même qui avait inspecté et garanti le navire.

Et pour appuyer sa démonstration cet organisme vient de faire une reconstitution dynamique du naufrage, que les télévisions ont montrée.

Le problème c'est que ni le Rina ni personne n'a inspecté le navire après naufrage. Il y a juste eu une tentative pour savoir si on pouvait pomper le fuel restant dans le pétrolier, ce qui n'est pas du tout pareil. Le rapport du Rina est donc pour le moins hasardeux. Et comment être sûr des dix-huit heures ? Et comment reprocher au capitaine de ne pas avoir constaté une fissure sous la ligne de flottaison ?

Si l'Erika a coulé c'est pour un ensemble de raisons que l'on connaît. Le navire était vieux et corrodé. Il avait été rafistolé dans un chantier arnaqueur plus habile à maquiller qu'à réparer vraiment. Et il avait été certifié par un organisme peu fiable comme le Rina. Quant au capitaine, il n'avait pu voir et inspecter sommairement le navire qu'au dernier moment. Quant aux circonstances précises qui expliquent pourquoi le bateau s'est cassé en deux, on les connaîtra peut-être un jour, mais elles n'exonèrent en rien la bande d'aigrefins qui ont garanti ce rafiot, et surtout le trust avide de profits qui a osé l'utiliser.

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